lundi 13 avril 2015

Travail de pro (Une photo, quelques mots #36e)


 @Julien Ribot

J'espère qu'elle aimera.
C'est ma surprise.
Pour elle.
Je suis déjà fébrile à l'idée de lui montrer le résultat.
De voir sa tête.
De me réjouir de sa découverte...

J'accroche la première photo.
Elle claque dans le vent.
Bientôt toute une guirlande de clichés s'entrecroiseront, un peu serrés sur ce fil, mais... tant pis.
J'ai bien essayé de choisir, de sélectionner les plus belles, les plus expressives, les plus bouleversantes... sans succès.

Je scrute le ciel qui s'assombrit.
J'espère que la pluie attendra.
Elle rentre dans dix minutes.
J'ai hâte.

J'accrocherai la dernière plus tard.
A l'épingle noire.
Au milieu.
Ce sera le clou du spectacle.
L'achèvement de sept mois de travail, jour et nuit, sans relâche. 

Cette dernière photo, je ne peux pas l'accrocher, car je ne l'ai pas encore prise.
Pour ça, il faut qu'elle rentre. Qu'elle voit.
Qu'elle découvre tout ce que j'ai fait pour elle, combien je la connais, combien je l'aime...

Toutes ces photos...
D'elle.
Dans le métro, dans un bar, au travail, au supermarché, au restaurant.
D'elle.
Souriant, pleurant, dormant...
D'elle.
Concentrée, fatiguée, satisfaite, sereine, perdue dans ses pensées... 
Elle.
En pantalon noir, en chemisier mauve, en jupe légère.
Dans sa robe bleue.
Ma préférée...

L'apogée de cette exposition unique, ce sera son visage en gros plan.
Celui de son expression quand elle verra.
Quand elle comprendra.
Un dernier cliché.
D'elle.
Terrifiée.  




Mais pourquoi cette histoire m'est-elle venue spontanément et quasi immédiatement après avoir vue cette photo? 
Aucune idée. 
Je suis bonne pour une psychanalyse, vous croyez? 

lundi 6 avril 2015

Changement de direction


 @Leiloona

Ma main tapote mon verre dans un geste nerveux. Je crois que je vais pleurer. 
L'homme assis en face de moi, mon meilleur ami, s'en va. Il part s'installer de l'autre côté de l'océan, sur un autre continent. Il se sépare de moi et ça m'arrache le cœur. 
Je le sais, ça fait des semaines qu'il me l'a dit. 
J'ai eu le temps de m'y faire, de m'y résigner, de me réjouir pour lui... mais je ne l'ai pas fait. 
J'ai laissé le temps défiler, comme cette roue qui tourne sur elle-même, inlassablement, découvrant le même horizon, toujours. 
 Arnaud me tend ses clés d'appart pour que je prenne soin de ses plantes en son absence. C'est la douche froide... ça y est, on y est.
- Tu as l'air nerveuse, ça va? demande Arnaud, que mon silence inhabituel semble inquiéter. 
- Oui... ça va. C'est juste que je réalise que dans quelques heures tu seras dans l'avion, et rien que l'idée de ne plus voir ta tête tous les jours... 
- Bien sûr que si, on se verra, je n'ai pas passé tout ce temps à t'expliquer comment fonctionne Skype pour rien! 
Je ne peux m'empêcher de sourire, même tristement. 
- Allez, fais pas cette tête, je t'enverrai plein de mails longs comme le bras, t'en auras même marre de les lire. 
Alors, ça, ça ne risque pas d'arriver. Ne plus pouvoir le voir, le toucher, l'observer à la dérobée, l'embrasser, même, je ne sais pas comment je vais gérer, alors ses mails, ce sera ma bouffée d'oxygène, ma dose de droguée, droguée de lui, sans désintox possible. 

- Laura, qu'est-ce qui ne va pas? Tu es toute tendue... 
- C'est déjà pas assez que tu partes, hein... T'as décidé d'être chiant jusqu'au bout.... Tu veux vraiment savoir?... ok... Je t'aime Arnaud. Je t'aime comme quand j'avais treize ans, et que je pensais qu'un jour, le beau gosse champion d'escrime de la 3e B se retournerait sur la gamine maigrichonne de 5e A que j'étais, et qu'il lui demanderait de sortir avec elle. Je t'aime à tel point que je dois me freiner pour ne pas me précipiter sur le téléphone chaque fois que tu appelles. Tu me manques quand tu n'es pas là, je suis en manque quand je ne te vois pas de deux jours. Alors, là, tu pars à New York, et tu voudrais que je sois zen? 
- Regarde-moi... 
- Tais-toi. J'ai le cœur qui tremble en face de toi. Je rêve de toi toutes les nuits, je respire ton parfum sur l'écharpe que tu as oubliée chez moi et que je ne t'ai jamais rendue. Je me trouve pathétique. Je croyais que toi et moi, ça durerait toujours, que tu serais comme cette roue, toujours là... que mon univers tournerait toujours autour de toi, comme la roue, quoi... Je voulais prendre soin de toi, de nous. Mais toi, tu t'en vas et tu fiches tout par terre. 
- Lève-toi. On va chez toi. Tu mets quelques affaires dans une valise et on file à l'aéroport. 
- Mais... et tes plantes? 
- On s'en fout des plantes. Qu'elles crèvent. 




35e participation encore bien tardive à l'atelier de Leiloona, mais quand même le jour J! 

jeudi 2 avril 2015

Moi après mois, my March



Un tag sympatoche où il faut nommer trois choses qu'on aime chez soi : en fait, je m'aime bien / Celui qui croit que je danse assise / Des billets de blog, beaucoup, carrément plus que d'habitude / De l'amour, de la romance chabadabada, des scènes sexy : j'aime les coups de projecteurs de Stéphie / lire du Angéla Morelli jusqu'à épuisement des stocks de l'auteur / Une merveilleuse semaine en Juillet qui se profile / Va continuer à écrire, pour de vrai, et surtout apprendre à mieux le faire grâce à Frédérique Martin / Du Shakespeare, une chaise longue, un plaid : c'est ce qui s'appelle de la bonne journée / Une panne de réveil, grande première dans ma vie de prof / Ces mots bizarres sortis de ma bouche, qui m'ont fait mourir de honte, et donné l'envie de disparaître / Sentir une complicité en prendre un coup et finalement être soulagée quand les choses se tassent / Des écrits du lundi en pagaille, même en retard / Préparer un concert en se laissant bercer par le slam / Redécouvrir des pépites qui donnent le smile / Une aprem de fiiiiiiilles : huiles essentielles, cuisine végétale, soin du visage, maquillage, manucure... au milieu de belles voitures / Des restau et des soirées sympas / Des perches tendues pour rien / Les mecs ou l'art de la fuite... ou de la trouille, c'est selon / Overdose de chocolat / Celle qui ouvre un café pas comme les autres, mon Amie de Moi dont je suis si fière / Une boite aux lettres cassée, euh... elle n'aura pas duré longtemps / Des dessins sur le tableau / Découvrir la série Rome, des lustres après tout le monde, et regarder trois épisodes d'un coup / Quand les BTS sont en grande forme, ça fuse et ça vanne dans tous les coins... mais est-ce que ça bosse au moins? / Un train très matinal, un voyage entre lecture et silence, comme une bulle qui transporte ailleurs / Un Salon du Livre extraordinaire / Des dédicaces, des livres, des conférences, des rencontres, des bises, des cocktails, des rires, des croissants... / Tous ces gens formidables avec qui j'ai passé un super week-end / La tête en vrac, le corps fourbu, mais le cœur plein d'amour, d'envies... / Moral reboosté à fond / Un contrôleur bien fatigué, des inconnus dans un compartiment qui partagent un fou-rire / "Tatie, tatie, tatie", trois petits mots d'amour sur un répondeur... je t'aime mon cœur / Soleil radieux, ciel bleu éclatant, fenêtres ouvertes : que j'aime les beaux jours qui reviennent / Quand trois motards viennent égayer une journée qui s'annonçait studieuse / Le foutu changement d'heure / Une bien bonne soirée qui finit tard... ou tôt, ça dépend / Des billets d'humeur légère / 



 Cétait mon Moi après Mois, sur une idée de Moka.

mercredi 1 avril 2015

Qui es-tu? (Une photo, quelques mots #34e)

@Marion Pluss


Qui es-tu? 
Silhouette sylphide que je fuis mais qui me suis. 
Ombre d'étoile filant à mes côtés. 
Qui es-tu? 
Ombre de moi-même, celle, sensuelle, sur laquelle cet homme ose et pose un regard d'envie. 
Pour lui tu es celle qui provoque, aguicheuse pour main baladeuse. 
Pourtant c'est toi, pas lui, qui sera salie. 


Avec un jour de retard (mieux vaut tard que jamais), voici ma participation à l'atelier du lundi de Leiloona du blog Bric à Book.
Leil, tu peux évidemment faire parvenir ce texte à celle qui t'a sollicitée, et tu lui feras une bise de ma part!