mardi 24 janvier 2017

La bitch de la semaine, # 13

 
 
 
Bon, Sara, elle, elle bitche le lundi.
Oui, mais moi, le lundi, j'écris.
Qu'importe, pas de jour pour bitcher!
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Il flotte sur le monde et sur notre société un petit parfum de violence qui me sidère.
Pour preuve la méchante gifle donnée à Manuel Valls. No comment. C'est pas parce qu'on considère cet homme comme un gros con qu'on doit forcément le gifler. Sinon, je ne vous dis pas toutes les baffes que certains se mangeraient. J'ai vraiment beaucoup de mal avec ces réactions extrêmes qui me choquent.

Mais la violence n'a pas besoin d'être physique pour être violente. La preuve :

Ma bitch de la semaine, catégorie : "j'ai un humour moisi" ou quand une situation dérape grave.
 
Un professeur de Lille 2 s'est largement grillé en beauté, en tenant, en plein cours magistral, des propos sexistes, sous couvert d'humour.
A propos d'un micro défectueux, l'enseignant a déclaré "C'est comme les femmes, il faut taper deux fois dessus." Je vous passe les autres remarques du prof face aux réactions immédiates des étudiants.
Plusieurs étudiants sont sortis de l'amphi, outrés, et ont signalé les faits.
La Présidence de l'Université s'est exprimée, condamnant les propos et félicitant les étudiants ayant eu "le courage" de quitter la salle. Le prof va être convoqué, une enquête est ouverte, il risque un blâme (ah, ah, ah, notez au passage le paradoxe contenue dans les deux propositions précédentes) et on en a fait toute une histoire dans les médias.
 
Je ne sais pas bien ce qui me désole le plus :
- Au prof, j'ai envie de dire "Mais t'es con ou tu le fais exprès?" pour ne pas avoir mesuré la portée de tels propos. S'il n'y avait eu que cette phrase, encore... mais l'enseignant a continué, se moquant ouvertement des "féministes" (on est pas loin de rajouter "hystériques") qui ont quitté son cours. On ne peut décemment croire à une simple blague déplacée, après ça.  
 
- Au Président, j'ai envie de dire "Un blâme? Laissez-moi rire!". Bon, ben avec ça, il va avoir trop peur, le prof. Il ne risque pas de recommencer. En espérant que voir sa boulette affichée sur le net va le calmer.

- Aux étudiants qui ont ri et applaudi à cette remarque et aux suivantes, j'ai envie de dire : "Vous applaudissez pour avoir une bonne note au partiel?". Qu'on puisse penser que c'était juste une mauvaise blague (pourrie, la blague), pourquoi pas. Mais ce n'est pas une raison pour l'encourager.

- A ceux qui ont rendu public l'incident, en postant sur Tweeter, sur des sites comme "Paye ta fac", parce que c'était leur "devoir", qu'ils sont "trop choqués", j'ai envie de dire : "Et sinon, ça ne vous gêne pas d'enfoncer un mec qui vient déjà de commettre une belle boulette? Et la situation en Syrie, ça vous choque ou pas"
 
L'affaire a donc fait grand bruit, et là, les réactions, plutôt vives, et violentes, donc, ont fleuri.
D'abord, les "c'est inacceptable, cela mérite une punition exemplaire", "une enquête est ouverte et une campagne de sensibilisation va être menée" de la part des représentants de l'Université : j'ai du mal à comprendre comment on peut laisser des instit' pédophiles devant des gamins de primaire et réagir aussi violemment face aux propos d'un type qui s'est exprimé devant des adultes, normalement capables de décoder un discours. Loin de moi l'idée de défendre ce prof, mais peut-être qu'un simple rappel à l'ordre aurait suffi. D'ailleurs, l'enseignant s'est excusé dans son cours du lendemain, arguant que les étudiants n'avaient pas "compris son humour".... Le type qui ne sait pas s'arrêter... un boulet, j'vous dis.
Ensuite, les "Oh allez, c'est juste une blague, hein, faut pas se vexer". Soit. Le pire, c'est que ceux qui ont réagi de la sorte ne cherchaient pas vraiment à défendre le prof (ils reconnaissent volontiers qu'il a merdé), mais avaient plutôt pour but de critiquer les étudiants qui se sont sentis choqués et ont signalé les faits. Des hystériques, forcément. C'est si facile de considérer comme tels des gens qui s'indignent d'un sexisme devenu courant, banalisé, quotidien. On devrait donc tout accepter sans réagir.
 
En découvrant cette histoire, c'est vrai, j'avoue qu'au départ, j'ai pensé à une mauvaise blague, à une vraie maladresse du prof qui ne s'est pas rendu compte. Mon côté trop naïf, sans doute, mais après tout, l'erreur est humaine.
Sauf que j'ai quand même du mal à me dire qu'un professeur d'Histoire du Droit (en plus!!) a simplement voulu faire une blague. Le mec, chauffé par quelques rires et applaudissements dans l'assistance, s'est cru dans un one man show et en a rajouté des tonnes.
Ce monsieur a le droit de penser ce qu'il veut. Soit. (Les connards sont partout). Mais qu'il se souvienne aussi que son rôle d'enseignant lui demande une attitude irréprochable et un droit de réserve sur ses opinions personnelles.

En conclusion :
Si l'enseignant a vraiment voulu faire une blague (ce dont je doute!) alors il a totalement perdu bon sens et mesure... et c'est effrayant.
Si c'était vraiment une blague, alors l'affaire, vite montée en épingle, a pris des proportions démesurées, elles aussi.
 
Mais où sont donc passées les valeurs de respect, de modération, et de décence qui font les gens posés, réfléchis et censés?
J'ai peur, d'un coup, là.
 
 

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