dimanche 3 février 2013

Hollywood, Ron Hutchison

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas assisté à une représentation.
J'ai vu : 




L'histoire : Hollywood, 1938. David Selznick, producteur, vient de stopper le tournage du célèbre Autant en emporte le vent. Le scénario est une catastrophe. Scénariste et réalisateur sont remplacés par Ben Hecht et Victor Fleming, et, à eux trois, ils ont cinq jours (pendant lesquels ils resteront enfermés dans le bureau de Selznick) pour réécrire le scénario avant de reprendre le tournage. 
Problèmes : Fleming et Hecht se détestent, Selznick n'a pas droit à l'erreur, et surtout, Hecht n'a pas lu le livre. Qu'importe, les deux autres vont le lui "mimer"... Ahum... oui, "mimer". 


Mon avis : Voilà une comédie qui fait rire aux éclats une salle entière! 
Thierry Frémont (Ben Hecht), Pierre Cassignard (David Selznick) et Samuel Le Bihan (Victor Fleming) livrent une performance étonnante et très physique. Il faut voir Le Bihan mimer l'accouchement de Mélanie, ou faire le singe (au sens littéral) par exemple! 
Si la toute première partie de la pièce (celle où Selznik tente de convaincre Fleming et Hecht de se joindre à lui pour ce projet) m'a semblé un peu longue, ce n'est pas le cas du reste de la pièce.
Point de suspense sur l'issue, ils finiront par pondre un nouveau scénario et Gone with de wind deviendra le chef d'oeuvre que l'on connait.  
Malgré tout, j'ai aimé voir la tension gagner en intensité, entre le lundi, premier jour d'enfermement et le vendredi, quand leur calvaire prend fin. 
Entre temps, exténués, agacés, nourris de bananes et de cacahuètes, le trio revisite les scènes cultes du roman de Margaret Mitchell. Frémont est à la machine à écrire, et les deux autres lui miment les scènes, jouant tour à tour chacun des personnages. Les scènes s'enchaînent à un rythme effréné, mais sans prise de risques, dénouant les ressorts classiques du comique. Et ça marche. La salle entière éclate de rire face à la démesure présentée sur scène. 

J'ai aimé pénétrer dans les coulisses de ce monument cinématographique. J'ai aimé ce que laisse apparaître quelques scènes, sur le contexte de l'époque : la scène de la gifle, donnée par Scarlett à la nounou noire fait naître une réflexion sur le racisme (plus ou moins avoué selon les personnages), mettant en parallèle l'Amérique de la guerre de Sécession présentée dans le livre et l'Amérique devenue terre d'exil de nombreux cinéastes juifs fuyant le nazisme, qui pensaient enfin pouvoir se servir du cinéma parlant pour s'exprimer.

J'ai aimé la manière dont Hutchison a glissé quelques phrases cinglantes sur l’œuvre adaptée par ces trois hommes qui ne croient pas beaucoup au film qu'ils sont en train de produire. En effet, seul Selznick reconnait les mérites du roman. Ou peut-être cherche-t-il à se convaincre lui-même, accablé par la pression de son illustre beau-père (Louis B Mayer), à qui il s'est juré de montrer qu'il pouvait réussir. Les deux autres n'y vont pas de main morte : Hecht balance des vacheries sur la complexité de l'histoire, et Fleming ne veut surtout pas que son nom apparaisse au générique d'un film qui sera forcément un nanar. 

Le meilleur moment de la pièce, selon moi, intervient vers la fin, lorsque, presque délivrés, Fleming et Selnick racontent à Hecht la scène qui clôt le roman, l'ultime dialogue entre Scarlett et Rett, et lui livrent la dernière phrase "Demain est un autre jour" (pas sûre que ce soit exactement ça dans le livre, mais eux l'expriment comme ça!). Hecht ne comprend pas : 
Hecht : "Mais alors, ils finissent ensemble, ou pas?" 
Selznick : "Non, c'est ça la fin, pourquoi?"
Hecht : "Parce que ça fait cinq jours que j'attends ça, moi!" 

Hecht est atterré par la niaiserie du propos : comment finir un film avec ça?  
Ce moment est irrésistible! 

En résumé, une comédie enlevée, rythmée, qui divertit et détend, avec une très belle performance d'acteurs. 

Mode langue de p*** ON : Samuel Le Bihan est très élégant dans son costume, même s'il a un peu morflé vieilli quand même... Voilà, je l'ai dit... 






2 commentaires:

  1. Roh la vilaine! (pour la fin du billet!). Bon, quand on te lit, on a malgré tout envie de voir le spectacle! Tu as dû passer un bon moment!

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  2. Oui, c'était sympa, il faut juste réviser ses classiques avant, lol!
    Quant à la fin du billet, tu sais, moi j'étais une fan de Samuel, alors je le trouve quand même encore pas mal!!!

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