mercredi 18 février 2015

Je suis un dragon, Martin Page

" On s'habitue à être surhumain, et très vite on comprend que ce n'est qu'une des multiples façons que la vie a trouvées pour nous dire qu'on est un inadapté. "


L'histoire : Margot est une jeune orpheline au lourd passé, placée en foyer, qui peine à se sentir bien dans notre monde. Timide, toujours en décalage, elle a  l'impression de ne pas être à sa place. Au collège, victime un jour d'une agression qui la bouleverse, Margot voit se révéler sa vraie nature, celle d'une jeune fille avec des pouvoirs étonnants. Dès que ses pouvoirs sont révélés, la vie de Margot ne lui appartient plus. 













Mon avis : si je vous dis que j'ai aimé, cela vous surprend-il? 
Ben non... forcément. Martin Page me séduit à chaque fois. 
Cette histoire, bien différente des précédentes, garde cependant la trace de cette écriture poétique, décalée, si drôle, que je me suis laissé embarquer comme à chaque fois. Il a vraiment l'art de décrire les situations les plus fantasques avec un réalisme plus que crédible. 

La première partie est celle qui m'a le plus émue. Le roman commence pourtant de manière très brutale, avec le récit d'une première mort assez violente et celui de l'enfance de Margot. Si cela m'a étonnée, cela m'a aussi donné envie de continuer ma lecture. 
Après un tel départ, on ne peut s'empêcher d'avoir de la tendresse pour la petite Margot, si attachante, mais si différente... La petite fille grandit en essayant de se fondre dans le décor, en trouvant un réconfort dans le dessin. Elle dessine des dragons. L'école et la vie malmènent l'enfant, jusqu'à ce fameux jour, au collège : Margot doit faire face à trois adolescents qui tentent de la rudoyer. 
A ce moment-là, Margot explose et libère sa colère d'une manière fort surprenante. La jeune fille se découvre des supers pouvoirs qui mettent ses adversaires au tapis. C'est un vrai carnage, digne des meilleurs films d'horreur. 
C'est dire si cette première partie est violente! 

L'histoire de Margot évolue ensuite, de manière plus rapide. Comment expliquer cette scène qui a fait trois victimes? Comment expliquer les pouvoirs de Margot? Peut-on imaginer s'en servir? 
Cette jeune fille surhumaine, invincible devient source de convoitise, et Margot se retrouve au milieu de gens qui l'enferment sous prétexte de la protéger, qui lui font subir toutes sortes d'examens et d'analyses, pour mieux tenter de percer l'origine de ses pouvoirs. 
Ainsi, aux côtés de Margot, Martin Page imagine une galerie de personnages du plus détestable au plus émouvant. Du médecin limite psychopathe aux "parents de substitution" de Margot, le microcosme dans lequel le lecteur évolue a de quoi dérouter. 

Lorsque Margot commet un nouvel impair provoquant d'autres morts, ses "protecteurs" lui proposent de se racheter. En effet, grâce à ses pouvoirs, Margot peut accomplir de grandes choses, sauver des milliers de vies. 
Margot se retrouve alors transformée en super-héroïne, panoplie et cape comprises, et parcourt le monde pour accomplir ses "missions". 
Tout le monde parle d'elle, la presse l'encense ; sous le nom de Dragongirl, Margot devient une icône, idolâtrée par des fans qui la vénèrent. 
Mais Margot n'est qu'une ado, et elle grandit. Soudain, son mode de vie ne lui semble plus si féerique, si enviable. Tant d'enjeux (politiques, financiers, médiatiques) reportés sur sa seule personne, si puissante soit elle, commencent à lui peser. 
Margot va devoir décider de la suite, décider de la vie d'adulte qu'elle veut mener. 
Dans cette partie, les scènes se succèdent très rapidement, ce qui m'a un peu gênée, car cela les rend un peu moins crédibles, à mon sens. 


Même si ce n'est pas un vrai coup de cœur (en tous cas parmi tout ce que j'ai lu de l'auteur), ce roman est une jolie lecture sur le passage à l'âge adulte, récit d'une vie malmenée, mais aussi une fable moderne sur notre société, ses travers et des dérives, empruntant quelques codes, savamment détournés, à l'univers de la fantasy. Les situations sont terriblement surréalistes, mais l'art de Martin Page, c'est de rendre tout cela parfaitement crédible.
Son écriture se révèle toujours aussi caustique, drôle et sensible. Mention spéciale pour la scène avec Sean, délirante et diablement vengeresse... mais tellement drôle que ça fait du bien.
 

6 commentaires:

  1. Voilà un auteur que je ne connais pas ; tu éveilles ma curiosité, mais bon, j'ai tellement de choses à lire.... Bises

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    1. Si tu veux vraiment le lire, je te conseille de commencer par un autre roman.
      Je pourrai t'en suggérer plein.

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  2. Toujours surprenant, cet auteur :-)

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  3. J'adore Martin Page...! Il est sur ma pile, tu penses bien ! ;-)

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