De nouveau un billet cinéma, ce soir, pour vous parler du premier film réalisé par le comédien Pascal Elbé, Tête de turc.
L'histoire : Bora, un adolescent tranquille, vit dans une cité qui l'est beaucoup moins. Un jour, errant avec sa bande de copains, des jeunes comme lui, qui vouent une haine féroce à la police, Bora commet l'irréparable. Il lance un cocktail molotov sur une voiture, avec pour seule raison que la voiture arbore un gyrophare bleu, comme celui de la police. Sauf que la voiture appartient à un médecin urgentiste, Simon Torossian. Celui-ci partait en urgence après un appel concernant une femme en détresse respiratoire. S'apercevant de son erreur, Bora a juste le temps d'extirper le corps du médecin de la voiture avant qu'elle ne s'embrasse entièrement. Bora cache à tout le monde son acte de héros, par peur qu'on ne découvre toute la vérité. Atom, le frère de Simon, va chercher à tout prix l'agresseur de son frère.
S'en suit une série d'émeutes dans la cité, surtout au moment où un ami de Bora est arrêté à sa place. La cité est à feu et à sang, la mère du jeune garçon mis en garde à vue désespère qu'on libère son fils, les autorités politiques cherchent par tous les moyens à calmer le jeu, promettant une punition exemplaire pour le coupable, et Bora se tait toujours.
Quand la presse découvre que Bora est le sauveur, c'est l'engrenage. Il va recevoir une médaille du mérite, sa mère, femme forte et digne, voit là un moyen pour son fils de sortir de ce ghetto, Simon va enfin pouvoir remercier son sauveur.
Comment le jeune homme pourrait-il alors avouer?
Comment le jeune homme pourrait-il alors avouer?
On suit alors le parcours de cet adolescent, prisonnier de son mensonge, partagé entre la gloire et la vérité, tiraillé par le désir d'avouer et celui de sortir enfin de la cité.
Mon avis : ce film est une réussite. Pascal Elbé réussit, pour son premier passage derrière la caméra, le tour de force d'aborder un sujet sensible (les cités abandonnées) et d'actualité sans cliché et avec sobriété. Tout sonne juste. Bien sûr, certaines images choquent, mais elles dévoilent une vérité que bien des gens se cachent.
Le casting est brillant. Le jeune Samir Malkhlouf, qui incarne Bora, est une vraie révélation. Il est sincère et juste. Sa mère, interprétée par Ronit Elkabet,z est époustouflante de dignité, de force et de courage. Pour interpréter le lieutenant de police Atom Torossian, le frère de Simon dans le film, torturé par un lourd secret, Pascal Elbé a choisi son ami Roschdy Zem, une vraie "gueule" de cinéma. Pascal Elbé est Simon, l'urgentiste, mais je ne vais rien dire sur lui car chacun sait ici à quel point je manque d'objectivité quand je parle de lui...
:-)
Dans ce film, le réalisateur arrive à nous montrer toute la complexité de ces personnages, tous en quête : quête de la vérité pour Atom, quête d'un avenir meilleur pour la mère de Bora, quête de reconnaissance synonyme d'une intégration réussie pour Bora, quête de justice pour l'homme dont la femme est morte le soir où le médecin n'est jamais venu... On arrive à saisir toutes leurs nuances.
Ce film pose avant tout des questions importantes : culpabilité, solidarité, guerre des communautés dans les cités, loi du silence qui pèse sur des habitants terrorisés, abattage médiatique d'un fait divers, détournement de la situation à l'avantage des politiques... Les questions sont bel et bien là mais Pascal Elbé se garde bien de juger ses personnages. Et c'est toute la force du film : un exposé des faits clair et précis, qui laisse le spectateur libre de tirer la moralité qu'il veut.
Enfin, le titre du film prend tout son sens, ou plutôt "ses" sens, à travers le bouc émissaire que devient Bora à partir du moment où la vérité est dévoilée, mais aussi à travers une réflexion du père de Simon, concernant le brassage communautaire qui existe en banlieue. Il dit "On est arménien, ton sauveur est turc : depuis quand les turcs sauvent les arméniens?" Phrase pour le moins banale, mais qui m'a fait sourire...
J'ai vraiment trouvé ce film fort et poignant. Je ne suis pas sortie d'une séance de ciné autant "impliquée" depuis Welcome l'an dernier. Je vous le recommande.
Je ne résiste pas : aaaaaaahhhh, Pascal Elbé... Même mal coiffé, mal rasé (surtout mal rasé, huuumm) et mal en point sur un lit d'hôpital, je suis quand même sous le charme.... Voilà, c'est dit....
Bon comme tu le sais, j'ai détesté ce film que j'ai trouvé blindé de clichés et d'incohérences. Rires. Mais toi je t'aime beaucoup, c'est ce qui compte ;)
RépondreSupprimerStéphie : ça me touche beaucoup ce que tu me dis... Merki, tu sais que c'est réciproque.
RépondreSupprimerBon, tu vas me croire folle, mais en rentrant hier, j'y ai repensé (oui, faut être tarée, hein, à l'heure qu'il était), et plus ça va, plus je crois comprendre pourquoi tu n'as pas aimé...et ce que je n'ai pas vu, du coup.
Mais je t'expliquerai sur ton blog quand tu auras écrit ton article. Alors au boulot miss!
On dirait que tu craques surtout à mort pour Pascal Elbé, non? Bisous bisous! ;=)
RépondreSupprimer@ Lolli : ah nan, tu vas pas t'y mettre aussi!!! mdr!!!
RépondreSupprimerStéphie et ma meilleure copine ont aussi sous entendu que je n'avais surement regardé que lui, donc forcément, j'avais apprécié!!!
Bon, c'est vrai que j'en ferai bien mon quatre heures, de Pascal, mais je n'ai pas fai que le contempler!!!