dimanche 14 mars 2010

La rafle, de Roselyne Bosch

Hier soir, je suis allée au cinéma voir La rafle, de Roselyne Bosch.



Le film commence par dresser le portrait de Joseph, 11 ans, et de ses amis, Simon et son frère Noé. Ils sont jeunes, inscouciants, font bétise sur bétise, et doivent porter l'étoile jaune. Nous sommes en Juillet 1942 et partout s'affichent des pancartes "interdits aux juifs", dans les parcs, les commerces, les restaurants. La famille de Joseph vit tranquillement dans un peti immeuble familial, ou tout le monde se connaît. Même s'ils sont conscients de la menace qui pèse sur eux, les parents et les deux plus jeunes enfants sont confiants, ils ont foi en le gouvernement français, cette France qui les a accueillis en 1933.
Seule Rachel, la plus grande soeur de Joseph, supplie son père de fuir. Elle craint une rafle par les nazis, pareille à celles dont ils entendent parler. Mais aucun n'y croit, et le quotidien tranquille et rassurant prend le dessus.
Et le 16 Juillet au matin, ce que craignait Rachel se produit : des officiers envahissent l'immeuble, ordonnant aux juifs de partir. Mais ce qui surprend, c'est que ce sont des officiers français qui procèdent à la rafle. Sous le choc, la plupart des juifs obéissent, ne réalisant pas ce qu'il se passe. Quelques-uns s'échappent pourtant.
Le reste du film relate l'internement au Vel d'Hiv' jusqu'au camp de Beaune-La-Rolande.
On suit cette famille, ainsi qu'Annette, l'infirmière et David, le docteur juif qui fait ce qu'il peut pour soigner les gens malgré les déplorables conditions d'enfermement.

En parallèle, la réalisatrice a choisi de nous montrer le point de vue des dirigeants français, organisateurs de cette rafle. Et, alors qu'on s'attend à un portrait de sans coeur tyranniques, on comprend que tout n'est pas bien ou mal : en effet, la rafle a pu être organisée par quelques officiers zélés, par ceux qui craignaient les représailles allemandes, ou par ceux qui n'ont pas osé s'opposer. On peut donc constater que tout n'a pas été simple.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce film. Il faut le prendre comme un documentaire, étant donné le peu d'images ou d'éléments en notre possession pour vraiment prendre la mesure de ce qui a été un des pires moments de l'Histoire de France. La réalistrice aurait pu prendre le parti de montrer l'horreur, de porter un jugement accusateur, mais ce n'est pas le cas. Les images sont fortes, choquantes et émouvantes, mais on ne tombe pas dans le pathos exagéré, et l'ensemble sonne étonnament juste, car tout est fait avec finesse et pudeur.
J'ai aimé pouvoir avoir une vision complète de cette tragédie, le ressenti du peuple juif et celui des autorités en place, l'horreur de la rafle, la déportation au camp et l'après-guerre.

Les prestations d'acteurs sont également à la hauteur : Mélanie Laurent y est époustouflante, comme toujours, Jean Réno incarne avec sensibilité et douceur le medecin du camp, et Gad Elmaleh excelle dans un registre qui n'est pas le sien. Quant au groupe des enfants, ils sont bluffants de sincérité, d'émoution et de justesse.

La bande-annonce est aussi magnifique, et j'ai vraiment apprécié déambuler dans le Paris des années 40 au gré des escapades des enfants.

En résumé, un film bouleversant, qui laisse un silence pesant dans la salle une fois le générique lancé et qui m'a beaucoup émue. Je pense que tous nos jeunes adolescents devraient aller le voir pour ne pas oublier cette édifiante page d'Histoire.


Juste pour le plaisir, la chanson Paris, d'Edith Piaf, qui débute le film. Moi j'adore et je suis toujours très émue quand j'entends cette chanson.





2 commentaires:

  1. Je crois que je suis incapable de voir ce film. C'est bête, mais c'est trop dur pour moi de voir ça. Rien que la bande-annonce me fait mal.

    RépondreSupprimer
  2. Je comprends, Lolli, c'est vrai que certaines images ou certaines phrases font mal aux tripes...

    RépondreSupprimer