@Julien Ribot
J'espère qu'elle aimera.
C'est ma surprise.
Pour elle.
Je suis déjà fébrile à l'idée de lui montrer le résultat.
De voir sa tête.
De me réjouir de sa découverte...
J'accroche la première photo.
Elle claque dans le vent.
Bientôt toute une guirlande de clichés s'entrecroiseront, un peu serrés sur ce fil, mais... tant pis.
J'ai bien essayé de choisir, de sélectionner les plus belles, les plus expressives, les plus bouleversantes... sans succès.
Je scrute le ciel qui s'assombrit.
J'espère que la pluie attendra.
Elle rentre dans dix minutes.
J'ai hâte.
J'accrocherai la dernière plus tard.
A l'épingle noire.
Au milieu.
Ce sera le clou du spectacle.
L'achèvement de sept mois de travail, jour et nuit, sans relâche.
Cette dernière photo, je ne peux pas l'accrocher, car je ne l'ai pas encore prise.
Pour ça, il faut qu'elle rentre. Qu'elle voit.
Qu'elle découvre tout ce que j'ai fait pour elle, combien je la connais, combien je l'aime...
Toutes ces photos...
D'elle.
Dans le métro, dans un bar, au travail, au supermarché, au restaurant.
D'elle.
Souriant, pleurant, dormant...
D'elle.
Concentrée, fatiguée, satisfaite, sereine, perdue dans ses pensées...
Elle.
En pantalon noir, en chemisier mauve, en jupe légère.
Dans sa robe bleue.
Ma préférée...
L'apogée de cette exposition unique, ce sera son visage en gros plan.
Celui de son expression quand elle verra.
Quand elle comprendra.
Un dernier cliché.
D'elle.
Terrifiée.
Mais pourquoi cette histoire m'est-elle venue spontanément et quasi immédiatement après avoir vue cette photo?
Aucune idée.
Je suis bonne pour une psychanalyse, vous croyez?