lundi 29 septembre 2014

Urgences (Une photo, quelques mots, 12)

© Antoine Vitek



Rez de chaussée : service d'urgences 
Eh toi, oui, toi, là, la loque décérébrée avachie dans ton fauteuil, t’en as pas marre de te défoncer la tête à coup de fumette? Sérieux, tu t'es regardé? Allez mec, arrête de jouer au con... déconne pas.

"- Oh l'autre... C’est... c'est à moi que tu parles ? Non mais t’as vu ta tronche, espèce de… dragon, ouais, dragon à tête de mort… tu craches même pas de feu…
- Monsieur ?  A qui parlez-vous ? C’est une affiche, là, sur le mur… Infirmier?… ramenez-le dans sa chambre."



Deuxième étage : pédiatrie
- " S, M, O, K, E... Maman, ça veut dire quoi? demande Cyril, qui s'ennuie ferme dans cette salle d'attente. 
- Ca veut dire "fumer tue", répond Simon, son grand frère, sans lever les yeux de sa DS.
- Simon! ça ne va pas, de lui dire ça? Tu veux lui faire peur? intervient la mère, déjà angoissée à l'idée que son petit garçon va passer tout un tas d'examens pour que les médecins décident si on lui enlève son plâtre.
- Mais je ne vais pas mourir, moi? s'inquiète Cyril.
La mère regarde son fils, ses grands yeux bleus et son regard vif et intelligent  pour ses quatre ans et répond, avec un sourire forcé : 
- Non, non, mon chéri, tu ne vas pas mourir.


Cinquième étage : oncologie
Lydie repose, pour la dixième fois, au moins, un magazine qu'elle a pris au hasard dans la pile devant elle. 
Combien de temps vont-ils la faire attendre encore? A l'hosto, tu sais quand tu arrives, mais pas quand tu vas repartir.
Elle parcourt des yeux cette salle immonde, dont les murs sont d'un orange à vomir, pâle, délavé, comme si lui aussi était malade. Une patiente tousse très fort, un autre enroule machinalement autour de ses doigts le tube qui longe son bras gauche, ça n'a plus l'air de le gêner, ils se sont apprivoisés, habitués. Un troisième passe sa main sur son front, décalant, dans le même mouvement, sa perruque censée cacher les ravages du traitement. Ca lui donne un petit côté bonhomme Playmobil mal coiffé.
Elle évite soigneusement de s'attarder sur l'affiche punaisée sur la porte. Comme un avertissement... qui arrive trop tard. Quand l'ascenseur s'arrête à cet étage, pour un tiers des gens qui en descendent, il est déjà trop tard. 
Elle secoue la tête devant tant de stupidité et d'ironie. Comme si ceux pour lesquels la cigarette est responsable de leur état ne culpabilisaient pas assez. Même, ils doivent s'en vouloir... à mort. Lydie s'engueule intérieurement pour ce jeu de mots stupide, elle trompe l'angoisse comme elle peut. 

"Fumer tue". Pour Lydie qui n'a jamais touché une cigarette de sa vie (même celles qui sont interdites, à part une fois, au lycée, pour faire comme les autres), ces deux mots sont insupportables. 

Cette affiche, elle la voit partout. A l'arrêt de bus, chez le libraire, dans les couloirs de l'hôpital. Elle a même l'impression d'en voir plus, depuis six mois, depuis le diagnostic, depuis qu'elle sait... 
Elle allait parfaitement bien, avant. Depuis, elle a l'horrible sensation que c'est son traitement qui va la tuer, elle.

Elle a envie de crier, d'arracher ce bout de papier, de rayer rageusement ces mots de l'affiche et d'écrire en dessous : "Il n'y a pas que ça". 
Si la cigarette était la seule responsable, elle ne serait pas là. 

En entendant son nom, Lydie se lève, sa tête tourne et ses jambes tremblent. Elle avance courageusement, serre la main de son médecin, celui qui a son avenir entre ses mains. 
Si les nouvelles sont bonnes, elle reviendra arracher et déchirer en mille morceaux cette putain d'affiche et toutes celles qu'elle croisera ailleurs.


Douzième participation à l'atelier d'écriture de Leiloona, et je dois avouer que j'ai eu du mal à me lancer. A part les premières lignes, venues spontanément à mon esprit à cause d'un petit délire, j'ai hésité très longtemps pour la suite. Faut dire qu'elle questionne, cette photo. Et qu'elle renvoie à quelque chose de très personnel.


vendredi 26 septembre 2014

Mousse au chocolat blanc sur lit de framboises

En faisant un peu de ménage sur ce blog, j'ai retrouvé cet article, rédigé il y a carrément plus d'un an, qui n'avait jamais été publié. 
Je me demande encore comment c'est possible, alors j'ai décidé de vite réparer cet oubli. 

Voici donc une recette pas parfaite, mais quand même très très bonne. 

Ingrédients :
  • 40 cl de crème fleurette
  • 250 g de chocolat blanc
  • 1 gousse de vanille
  • des framboises

Première étape : Dans une casserole, faites bouillir la crème avec la gousse de vanille ouverte et grattée. Cassez le chocolat en morceaux dans un saladier. Quand la crème est bouillante, versez-en la moitié sur le chocolat (en la passant au chinois). Attendez une minute avant de mélanger. Versez l'autre moitié de la crème, mélangez bien. Réservez au frais, au minimum une heure. Je l'ai laissée quelques heures, la nuit c'est bien aussi.

Deuxième étape : Battre le mélange crème-chocolat au batteur pour lui donner la consistance mousse, en prenant bien garde à ne pas faire tourner le mélange en beurre.

Troisième étape : Dressez les verrines en mettant au fond une couche de framboise. Recouvrez de mousse. Gardez un peu de mousse à laquelle vous ajouterez le reste des framboises écrasées. Versez ce mélange dans les verrines. Remettez au frais jusqu'à dégustation.



Sur la photo, on voit clairement qu'il m'a manqué des framboises pour la dernière couche, ce n'est pas assez coloré, et pour en mettre une dessus en déco. Mais c'est un délice!

Merci à ma copine Caroline pour cette recette qui provient du livre "Georgous cakes" d'Annie Bell. Inutile de vous dire que l'ouvrage m'aurait intéressée, mais malheureusement, il n'est pas traduit... snif...

mercredi 24 septembre 2014

La balafre, Mourlevat

En cherchant de quoi lire sur ma liseuse, je suis tombée sur un Mourlevat que je ne connaissais pas. 

L'histoire : Olivier est un collégien débarquant dans un petit village, après un déménagement qui ne lui convient pas vraiment. Un jour qu'il se promène dans le hameau, il est terrorisé par l'attaque d'un chien de la maison voisine, qui se jette violemment à la grille. Olivier avertit ses parents, qui croient qu'il a rêvé, car la maison est abandonnée depuis longtemps. Pourtant, peu de temps après, Olivier revoit le chien, accompagné d'une petite fille. 













Mon avis : Inconditionnelle de Jean-Claude Mourlevat, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre-là. 
Tout de suite, j'ai été intriguée. Si j'ai compris le lien qu'on peut faire entre le titre et l'histoire du chien déchainé, il m'a fallu du temps pour comprendre où l'auteur voulait en venir. 
Ce court roman aux accents fantastiques fiche la trouille, et une angoisse, comme seule Mourlevat pouvait la décrire, vous prend à la gorge. 
Les questions se bousculent : pourquoi ce chien? Qui est cette petite fille? Pourquoi Olivier est-il le seul à pouvoir les voir? A qui appartenait la maison d'à côté?
Olivier est obsédé par cette histoire, et va tout faire pour en savoir plus.
Mais il ne s'attend sûrement pas à ce qu'il va trouver. 
En enquêtant sur les anciens voisins, c'est le passé de tout le village qu'Olivier fait ressurgir. 
Difficile d'en dire plus sans dévoiler ce qui, pour moi, a été une surprise totale, et un moment très fort du roman. 
Olivier se sortira pas indemne de cette histoire, au point d'en garder une trace à vie.

Encore une fois, la magie Mourlevat a opéré sur moi, à cent pour cent. 

Petit bémol toutefois, pour la toute fin du livre. Une fois adulte, Olivier revient dans ce village. Cette partie-là ne me semble pas nécessaire et fait perdre au roman un peu de son intensité.

lundi 22 septembre 2014

L'attente (Une photo, quelques mots 11)








« Je suis là, je t’attends en bas. »
Quelques mots pianotés, le bzzz discret du téléphone.
« Je descends. »
Je lis ses mots et c’est sa voix qui résonne dans ma tête.
Silence.
Sifflement aigu du vent s’engouffrant dans le hall
Je frissonne.
Mes mains glacées triturent toujours le téléphone.
Besoin impérieux d’écrire encore, de ne pas rompre le lien, même pour une seconde.
Ces minutes qui paraissent une éternité.
Je retiens mon souffle… et si…
Bourdonnement de l’ascenseur en marche.
Grincement aigu, la porte s’ouvre.
Bruit de pas précipités.
Et soudain son parfum, la chaleur de son corps, la douce brûlure d’un baiser.
Je n’ai plus froid. Je respire.



Voici déjà ma onzième participation (je me rends compte que j'ai oublié de fêter la dixième!) à l'atelier de ma copine Leiloona, Une photo, quelques mots. Bon, ok, elle, c'est sa 134e photo... ahem..

samedi 20 septembre 2014

Confiture de figues

Avoir un jardin, c'est le bien. 
J'ai ainsi pu déguster une très bonne tarte aux prunes, confectionnée par ma voisine, avec les prunes de mon jardin. 

Cette semaine, elle m'a donné des figues. Tout plein de figues. Et même en étant très gourmande, je n'ai pas pu tout avoir avant qu'elles ne mûrissent trop. 




Je me suis donc lancée le défi d'en faire de la confiture. 

Une grande première pour moi. 

J'ai trouvé une recette très simple sur le net. 

Lavez et coupez vos figues (en enlevant la queue) en petits morceaux, dans une bassine spéciale confiture si vous avez ça sous la main, mais sinon, une cocotte style fait-tout ira très bien. C'est ce que j'ai pris (comprendre c'est tout ce que j'avais). 

Recouvrez de sucre en poudre (blanc ou roux), laissez macérer une heure, ou même plus. 

Ajoutez un peu de jus de citron, et une pointe de gousse de vanille. 
Au passage merci Sonia, ma guadeloupéenne préférée, pour la vanille et le sucre! 

Portez le tout à ébullition en remuant doucement. Laissez cuire au moins 30 min. 
Avec le peu de figues que j'avais (une quinzaine), j'ai laissé cuire presque une heure. 

Pendant ce temps, lavez un pot de confiture vide, et ébouillantez-le pour le stériliser. 

Quand la confiture est cuite, mettez-la dans le pot. Fermez-le et retournez-le immédiatement. 

Laissez refroidir (une nuit ici) avant de déguster.


C'est très bon!!!!!!!!!

vendredi 19 septembre 2014

Patients, Grand Corps Malade

"Elle est marrante aussi, cette phrase réflexe : « Ne bouge pas. » Dans notre situation, elle est complètement inappropriée, mais on se la sort quand même à tout bout de champ.
C’est comme quand tu dis à un aveugle : « On se voit demain. » 






L'histoire : Grand Corps Malade livre le récit de son année passée dans un centre de rééducation, après un accident qui l'a paralysé. 










Mon avis : Ce bouquin est une vraie leçon de vie. 
Dès la première page, on est dans le bain. Transféré de l'hôpital vers le centre de rééducation, Fabien raconte le trajet en détails. 
Des détails, il y en a des tonnes, dans ce livre : détails de la vie quotidienne de quelqu'un qui ne peut plus vivre sans assistance. Il nous livre le déroulement des soins, des séances de rééducation, les journées à rallonge, mais aussi les petits détails qui égayent une journée. 
Ces moments-là m'ont particulièrement touchée. Celui ou celle qui a connu l'hosto sur une longue période va se reconnaître, dans le portrait qu'il dresse des médecins, des infirmières, des aides soignants. 
Mais ce qu'il y a de bien, avec l'auteur, c'est qu'il ne s'apitoie pas sur son sort. 
A peine évoque-t-il son accident. Un truc "tout con", une bêtise de gosse insouciant, qui saute dans une piscine pas assez remplie. Verdict : cervicales déplacées et tétraplégie incomplète. Probablement handicapé à vie. Voilà le diagnostic. 
Une pudeur qui le pousse aussi à éviter d'évoquer ses proches et leur vécu de la situation. Il livre une histoire personnelle, intime certes, mais pas un déballage inapproprié de sa vie privée. 

Le reste, ce sont des anecdotes, des moments de vie, de complicité avec les autres résidents du centre, avec qui il partage des galères mais aussi des fou-rires.

"Farid s 'emmerde tellement quand il doit rester au lit alors que les autres partent en rééducation , qu'il a inventé le concept de "niquer une heure". Il est à l'affût de tout ce qui peut contribuer à faire passer le temps. Bien sûr , l'idéal , c'est le sommeil . Si tu fais une bonne sieste , tu "niques" une heure facilement . Un bon film à la télé peut te permettre de "niquer" une bonne heure et demie . Un long coup de téléphone peut être utile pour "niquer" vingt minutes ... Il est marrant ce Farid "

J'ai toujours eu beaucoup de mal avec le fait qu'en étant malade ou à l'hosto, on pouvait quand même se créer de chouettes souvenirs, mais l'expérience m'a appris que je me trompais. Pour Fabien c'est pareil : le fait est que cette période marque à jamais sa vie et le transforme.

On rit donc beaucoup au fil des pages, et la plume incisive, parfois douce, poétique, parfois plus amère, de l'auteur fait le reste.
Ce livre est émouvant, drôle, percutant, instructif... 

Et quand on aime l'auteur, on pense forcément à ça : 


"La nuit est belle, l'air est chaud et les étoiles nous matent
Pendant qu'on kiffe et qu'on apprécie nos plus belles vacances
La vie est calme, il fait beau, il est 2 heures du mat'
On est quelques sourires à partager notre insouciance
C'est ce moment là, hors du temps, que la réalité a choisi
Pour montrer qu'elle décide et que si elle veut elle nous malmène
Elle a injecté dans nos joies comme une anesthésie
Souviens-toi de ces sourires, ce sera plus jamais les mêmes
Le temps s'est accéléré d'un coup et c'est tout mon futur qui bascule
Les envies, les projets, les souvenirs, dans ma tête y'a trop de pensées qui se bousculent
Le choc n'a duré qu'une seconde mais ses ondes ne laissent personne indifférent
« Votre fils ne marchera plus », voilà ce qu'ils ont dit à mes parents
Alors j'ai découvert de l'intérieur un monde parallèle
Un monde où les gens te regardent avec gêne ou avec compassion
Un monde où être autonome devient un objectif irréel
Un monde qui existait sans que j'y fasse vraiment attention
Ce monde-là vit à son propre rythme et n'a pas les mêmes préoccupations
Les soucis ont une autre échelle et un moment banal peut être une très bonne occupation
Ce monde là respire le même air mais pas tout le temps avec la même facilité
Il porte un nom qui fait peur ou qui dérange : les handicapés
On met du temps à accepter ce mot, c'est lui qui finit par s'imposer
La langue française a choisi ce terme, moi j'ai rien d'autre à proposer
Rappelle-toi juste que c'est pas une insulte, on avance tous sur le même chemin
Et tout le monde crie bien fort qu'un handicapé est d'abord un être humain
Alors pourquoi tant d'embarras face à un mec en fauteuil roulant
Ou face à une aveugle, vas-y tu peux leur parler normalement
C'est pas contagieux pourtant avant de refaire mes premiers pas
Certains savent comme moi qu'y a des regards qu'on oublie pas
C'est peut-être un monde fait de décence, de silence, de résistance
Un équilibre fragile, un oiseau dans l'orage
Une frontière étroite entre souffrance et espérance
Ouvre un peu les yeux, c'est surtout un monde de courage
Quand la faiblesse physique devient une force mentale
Quand c'est le plus vulnérable qui sait où, quand, pourquoi et comment
Quand l'envie de sourire redevient un instinct vital
Quand on comprend que l'énergie ne se lit pas seulement dans le mouvement
Parfois la vie nous teste et met à l'épreuve notre capacité d'adaptation
Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c'est un 6ème qui les délivre
Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction
Ce 6ème sens qui apparaît, c'est simplement l'envie de vivre."
                                                                                                  Grand Corps Malade, Sixième sens

mercredi 17 septembre 2014

J'ai testé pour vous... l'aquabike

Bien décidée à reprendre le sport après les excès des vacances, je me suis lancée dans une nouvelle activité : l'aquabike. 



Le principe : vous pédalez, en piscine ou en "baignoire" en suivant les conseils d'un coatch. 

L'équipement : son maillot de bain, histoire d'avoir encore un peu l'impression d'être en vacances. 

Après avoir légèrement galéré pour mettre la selle au niveau de mes petites jambes (mollette sous la selle, à attraper avec des mains mouillées...), la gentille dame de l'accueil m'a expliqué ce qui allait se passer, en terminant par "si vous n'arrivez pas à suivre ce que la vidéo vous dit, c'est pas grave, hein... vous faites à votre rythme". 

Prends-moi pour une quiche, aussi... (ok, l'épisode de la selle lui a probablement donné une fausse image de moi). 

Ce qu'il s'est passé, donc : j'ai choisi un programme, parmi les deux proposés (cardio donc pédalage tout le temps, ou renforcement musculaire, donc alternance de pédalage et d'haltères, pour travailler le haut aussi) et un niveau (débutant ou confirmé) . J'ai opté pour débutant... quand même... A partir de là, un casque sur les oreilles, j'ai suivi les indications du coach très musclé, entouré de deux blondes perchées sur des vélos, supposées, j'imagine, en chier, galérer autant que moi.

Et là j'ai compris le coup de "si vous n'arrivez pas à suivre...". 
Pas que ça aille trop vite, non, au contraire, de ce côté là c'est vraiment idéal. 
Mais quand on manque d'équilibre autant que moi, les passages où l'on doit être "en danseuse", les fesses au-dessus de la selle, c'est juste ridicule épique.
Heureusement que t'es tout seul devant la vidéo, sinon bonjour la grosse poilade pour les employées. 
Enfin, si ça se trouve, t'as des caméras partout qui enregistrent tout, et elles vont se faire un replay ce soir en se tordant de rire... 

Si dans l'eau (qui bouillonne grâce à des jets, en plus), on ne sent pas trop l'effort des muscles des cuisses, il n'en est pas de même pour les bras sollicités plusieurs fois pendant la séance. Ce soir, ça tire pas mal, là... 

En bref : 
Les points positifs : un truc nouveau à essayer, la sensation agréable d'être dans l'eau, la musique dans les oreilles, la sensation que les muscles travaillent vraiment. 
Les petits bémols : une musique peut-être un peu trop forte par rapport aux paroles du coach, les claquettes obligatoires (et ils en fournissent si t'en as pas) qui salissent tout quand tu sors et rejoins le vestiaire (un peu loin des salles, le vestiaire), un prix assez élevé pour 30 minutes de séance. 

J'ai enchaîné avec un petit hamman derrière, ça, c'est le pied, et ce soir, je pense que je vais bien dormir. 

J'ai signé pour quatre autres séances, on verra si je poursuis.

lundi 15 septembre 2014

Les voyages forgent la jeunesse...

                                    Photo de Marion Pluss

Chaleur étouffante, moite, dégoulinante... sans un souffle d'air. 
L'épuisement, l'impuissance... L'envie d'être à des kilomètres. 
Depuis les marches du bâtiment délabré qui abrite le centre, le paysage de carte postale a disparu. 

Deux petites silhouettes, serrées l'une contre l'autre, pour ne pas se quitter, se perdre, encore une fois, attirent mon attention. Elles marchent sur le sable, au milieu des débris que la mer charrie... tous les jours davantage.
Méfiance sur les visages, regards de chat apeuré, petites créatures craintives.
Si je m'approche, vont-elles détaler en courant?

"Allez, pars avec nous, ce sera super"... 
J'entends encore les mots de mes coloc', étudiantes en médecine comme moi, qui, il y a quelques mois, tentaient de me convaincre de les accompagner dans leur périple qu'elles préparaient activement, enthousiastes et impatientes. 

"Super"... elle a vraiment dit ça, je n'en suis toujours pas revenue.

Séismes, tsunamis, inondations, programme d'aide humanitaire, les filles sont rodées. Elles ont tout fait, partout dans le monde. A croire que les catastrophes naturelles deviennent les destinations touristiques à la mode. A chaque fois, elles revenaient avec des photos de paysages sublimes et des souvenirs, à les croire, inoubliables...

Face à ces deux paires d'yeux tristes et affolés, ces visages creusés et ces corps émaciés, mon coeur se serre. Qui ont-elles perdu, ces petites? Parents, grands-parents, frères ou soeurs, que leur reste-t-il? 
Un goût amer dans la bouche, mon ventre se tord, j'ai la nausée.

Les copines, elles, ne côtoient pas l'horreur... pas cette fois.
Je suis seule ici, plantée au moment d'embarquer, seule à l'aéroport.
Les filles ont préféré une autre plage, une plage de cocktails et de sable fin.
Ce qui m'attendait? Les morts par centaines, les cris déchirants la nuit, les habitations en ruine, l'impuissance générale... 
Souvenirs inoubliables... un choc, c'est certain. 

Refoulant le vertige qui m'assaille, priant pour que mes jambes tremblantes me portent, au moins encore une fois, jusqu'à ces deux enfants, je me lève péniblement. 

Trois pas. Elles ne bougent pas. 
Six pas... la petite rouquine serre la plus petite dans ses bras, recule et m'observe. 
Je sors de ma poche un paquet de biscuits et le lui tend. A elle, la plus grande, dont le regard dur me transperce. La petite la regarde, remettant en elle sa confiance, ses craintes, ses espoirs s'il lui en reste. 
Furieuse envie de la prendre dans mes bras. 

La rouquine, lentement, se sépare de la petite, sans jamais détacher son regard de moi. Elle prend les biscuits, en donne deux à sa protégée, qui s'asseoit à même le sable. 
Alors, sans geste brusque, je plonge mon mouchoir dans l'eau, m'approche d'elle et commence à lui nettoyer doucement le visage. 


Dur, dur, la photo de la semaine, pour l'atelier d'écriture de Leiloona
Magnifique mais extrêmement bouleversante.

mardi 9 septembre 2014

Les feux d'artifice, Calogero



Cinq ans que je l'attends, celui-là... le sixième album solo de Calogero. Enfin! 
Une chose est sûre, on peut dire que l'attente n'aura pas été inutile. Le jeu en valait la chandelle, tant cet album est une réussite. 









"Les feux d'artifices" contient de vraies pépites, et tous les ingrédients qui ont fait le succès du chanteur. Son sens inné de la mélodie fait encore des merveilles. Après la composition de l'album complet de Florent Pagny, "Vieillir avec toi" (vraiment très bon, lui aussi, même si on n'est pas fan de l'artiste), Calo -avec la complicité de son frère- signe pour lui-même des mélodies tour à tour rythmées et pop ("fidèle") ou plus douces, mais non moins envoûtantes ("avant toi", un de mes coups de coeur). L'album est extrêmement bien construit : "fidèle" donne le ton d'une chanson légère et un peu folle, qui n'est pas sans rappeler quelques titres de Au milieu des autres, son premier album (ou même "Prouver l'amour" du second) et "Les feux d'artifice" clôt cet opus, avec un piano-voix qui s'envole, jusqu'à un rythme percutant qu'on imagine sans mal embraser une scène. 

Calogero le dit lui même, son album est "engagé socialement". La preuve par les titres "Un jour au mauvais endroit", "Le monde moderne" ou "J'ai le droit aussi", qui traitent tour à tour d'un drame urbain, des familles recomposées ou de l'homosexualité. Même si ce ne sont pas les titres que je préfère, à cause de textes moins "forts", ce sont sans nul doute des chansons qui ont la touche Calogero, reconnaissable entre mille, et susceptibles de faire un tube.  
Les textes sont pour la plupart signés par ses collaborateurs fétiches, notamment Marie Bastide sa chérie, mais aussi Alex Beaupain quand même. 

Cet album est selon moi le plus abouti, à la fois raffiné et simple. Il a la particularité de mélanger les influences chères à l'artiste. Les tonalités rock rappellent les second et troisième albums (Calogero et "Prendre racine" ou "En apesanteur"/ 3 et "face à la mer"), tandis que les mélodies plus douces évoquent les non moins célèbres "C'est dit" de L'embellie ou "Si seulement je pouvais lui manquer". 
Peu de sonorités électro et "artificielles", comme dans Pomme C (album pourtant signé par Zazie, mais que j'aime moins), et c'est tant mieux.  
On aime retrouver le Calogero de toujours, en somme. Un pop rock efficace qui lui va bien.

J'aime aussi cette petite touche décalée qu'on découvre dans "Conduire en Angleterre", un titre que tous les gauchers (comme moi!) devraient écouter... truffé de vérités, plus ou moins drôles. A ce propos, Calo, si tu passes par là, hein (ben quoi? on peut rêver) ... pour le thé avec une gauchère (je tairai le reste!), c'est quand tu veux!

Cet album est une vraie réussite, d'ailleurs "Un jour au mauvais endroit" cartonne déjà. Nul doute que ce ne sera pas le seul single à se démarquer. 
Je me réjouis vraiment de retrouver l'artiste pour une tournée en solo, après sa parenthèse au sein du groupe Circus (que j'ai beaucoup moins apprécié), avec cet album qui, grâce à une grande liberté de ton, lui permet de laisser exploser son talent qui n'avait pas besoin d'être confirmé. 

Parce que ça fait quand même du bien de trouver, dans le paysage de la variété française, un véritable artiste, un créateur avec son univers, et pas quelqu'un qui se contente de la facilité avec des reprises ou un énième hommage à des artistes qui, eux, avaient du talent.

Je vous laisse avec la chanson "Avant toi", qui est celle, qui, à mon humble avis, donne le ton de l'album. 



Moi je file réserver ma place pour son concert près de chez moi. 
Ce sera mon 4e concert de Calo (depuis Au milieu des autres, dans une salle minuscule devant une centaine de spectateurs à peine, jusqu'à la tournée de l'album 3), mais quand on aime, on ne compte pas, n'est-ce pas?

lundi 8 septembre 2014

Tour d'horizon (Une photo, quelques mots)

        
                                                                  @ Leiloona



- " Regarde, Célia, les bateaux, y sont tout p'tits!"
- "Je vois, chérie, je vois"
En fait, non, je ne vois rien, mais Clara ne s'en aperçoit pas, trop occupée à admirer le paysage. 
- "Clara, reste assise... Tiens-toi à la barre". 
Elle ne m'écoute pas. 
Elle cherche des yeux son père, en bas, comme si elle pouvait le voir. 
Le peut-elle? 
Même par curiosité, je ne me résous pas à jeter un œil par-dessus la nacelle. Je fixe l'horizon, l'océan, droit devant. 
- "Chest beau", s'émerveille-t-elle, en mâchouillant goulument sa niniche chocolat-orange.
Moi je pense : "Mais quand est-ce qu'on descend?"
Pourquoi ai-je cédé à son "s'il te plait... on le fait!" suppliant? Saleté de Chat Potté de Shrek qui a montré aux gosses le truc de la moue irrésistible.. 
J'imagine qu'Arnaud imagine ma tête, et qu'il se marre tout seul, en bas... ça va se payer cher, ça... 
"Allez, c'est pas la mort, emmène-la, moi je reste avec le petit et la poussette". 
Facile à dire, mon amour, t'as pas le vertige, toi! 
Mais pourquoi ai-je tenu à les amener ici? 
Franchement, le coup de je-te-montre-l'endroit-où-j'allais-en-vacances-petite", n'importe quoi... 
Comment ai-je pu passer toute mon enfance à éviter soigneusement de monter en haut de cette roue et me retrouver assise dedans à 34 balais, avec une gamine qui n'est même pas la mienne? 
Qu'est-ce qu'on ne ferait pas, par amour! 
Clara passe ses frêles bras nus autour de mon cou, approche son visage du mien, me murmure "Merci" à l'oreille, avant de déposer un énorme bisou collant sur ma joue...
D'un coup je ne sais plus qui j'aime le plus... le père ou la fille? 


Voici une nouvelle participation à l'atelier d'écriture de ma copine Leiloona
Purée que ça fait du bien de reprendre la plume virtuelle! 

J'ai honte, honte, honte d'avoir laissé ce blog à l'abandon tout l'été...