vendredi 25 mars 2011

We want sex equality, NIgel Cole

 


L'histoire : dans la petite ville de Dagenham, dans les années 60, des milliers d'hommes travaillent pour l'usine Ford. Des milliers d'hommes, et cent quatre vingt sept femmes.
Ces femmes travaillent dans des conditions précaires, dans un atelier surchauffé, qui prend l'eau et accumulent les heures supplémentaires. Bientôt se pose le problème de leur rémunération, qu'elles souhaitent égale à celles des hommes.
Une femme, Rita, va s'opposer aux syndicats, proposer la grève et organiser une manifestation devant le parlement.

Mon avis : une superbe réalisation!
C'est simple, saisissant et efficace.
Tiré d'une histoire vraie, ce film raconte l'opposition d'un petit groupe de femmes contre le géant mondial, Ford, en 1968. Première grêve des femmes, premières revendications, personne ne les prend au sérieux... et pourtant...
"Everybody out!" : voilà comment le personnage de Rita, brillamment interprêté par Sally Hawkins, rallie ses troupes et rend désert en quelques secondes la fournaise qui sert d'atelier à ses collègues féminines.
Tout est incroyablement simple, et pourtant si énorme. Ce qu'ont fait ces femmes est extraordinaire et historique, mais, dans le film, on a l'impression qu'il n'y a rien de plus normal, de plus naturel, que cette joyeuse bande de nanas au franc-parler décapant tenant de simples panneaux sur lesquels sont inscrits "We want respect" ou encore "Equal pay".
La belle équipe des femmes ouvrières est jouée par des actrices toutes aussi crédibles les unes que les autres, cela donne au final des personnages aux caractères bien trempés, c'est plaisant à voir.

J'ai beaucoup apprécié aussi que ce film ne se contente pas de se focaliser sur le point de vue des femmes. Les hommes ne sont pas en reste : nous avons bien évidemment celui des dirigeants, des syndicats, prêts à tout pour étouffer la révolte naissante, mais aussi celui des ouvriers, qui se retrouvent au chômage forcé, la grêve des femmes contraignant à l'arrêt l'usine entière. Les insultes fusent, contre Rita, qui finit par se demander si son combat en vaut la peine. Son mari, ouvrier dans la même usine, est un personnage intérêssant car, il a, familièrement parlant, "le cul entre deux chaises" : il se sent en quelque sorte obligé de soutenir sa femme, même si rester à la maison à gêrer les enfants ne lui convient pas; les rôles sont inversés et il n'aime pas!
Leur dispute devient même un des moments cultes du film : alors que Rita doit se rendre au Parlement où les députés vont se prononcer en faveur (ou pas) de la proposition de loi pour l'égalité des salaires, son mari craque. Il lui demande alors ce qu'elle veut de plus : il ne boit pas, il la traite bien, il se conduit bien avec les enfants... en effet, quoi d'autre? Rita lui répond alors qu'elle n'a pas à être reconnaissante de tout cela, car ce sont des droits, cela s'appelle le respect, et qu'elle y a droit.

Le film présente également une vision très éclairante de la société des années 60 : le début de la société de consommation et l'émancipation des femmes nous sont montrés par le biais de familles d'ouvriers modestes que la grêve touche de plein fouet. 

 Enfin, n'oublions pas ce qui donne au film son côté décalé, la touche d'humour anglais! Certaines répliques sont mordantes à souhait, et c'est un vent de fraicheur qui souffle dans la salle quand vous sortez de la séance!

2 commentaires:

  1. Ce film me fait très envie: merci pour ce billet!

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  2. Bonjour, j'ai failli ne pas voir le film à cause de ce titre "français" assez crétin. Je croyais que c'était une comédie pas très légère. J'ai passé un bon moment en compagnie de ces femmes courageuses. Et mention spéciale à la ministre du travail de l'époque: Barbara Castle. C'est une femme ministre presque parfaite. Bonne après-midi.

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