@ Julien Ribot
Le train s'immobilise brusquement, secouant les gens déjà debout dans l'allée centrale.
Un œil par la fenêtre me fait craindre le pire : le quai est bondé. Nouvelle épreuve après celle du trajet.
Cinq heures passées à tenter de me concentrer sur ma respiration plutôt que sur mon livre, pour ne pas ressentir cette nausée caractéristique du mal des transports... Plus une seule place disponible dans le sens de la marche, ça m'apprendra à réserver mon billet à la dernière minute. Comment font tous ces gens qui plaquent tout, d'un coup, mettent quelques effets dans une valise et s'en vont au gré de leurs envies?
Moi il faut que je prévoie. C'est plus fort que moi. Le train dans le sens de la marche, les mercredi zumba et les rendez-vous pris à l'avance, les repas de toute la semaine, la liste de courses en conséquence... des listes pour tout d'ailleurs. Faut croire que ça me rassure.
La
voix de la "dame de la SNCF", Simone - je ne sais pas pourquoi je me
souviens avoir entendu dans un reportage qu'elle s'appelait Simone,
alors... - la voix de Simone, donc, n'avait pas encore annoncé notre
prochaine arrivée que j'avais déjà rangé soigneusement mes affaires. C'est pour dire...
C'est pas faute d'avoir eu le temps de le prendre, ce billet. Fêter le premier Noël de Célia, ma filleule, ses parents m'en parlent depuis des mois. Myriam m'a tannée à coups d'au moins trois sms par jour, et Paul a posté sur Facebook une photo de la miss en mère Noël. Elle était trop craquante... "comme son parrain", s'est permis d'ajouter Adrien en commentaire... ce qui n'est pas tout à fait faux...
STOP ! C'est pour Célia que je suis venue, pas pour lui! Lui que je n'ai pas revu depuis cette foutue soirée d'Halloween, dans son accoutrement ridicule. Mais qu'est-ce qui lui a pris, aussi, de se déguiser ainsi? Les gens ont ri en le voyant... Je n'aurais jamais dû l'embarquer dans cette soirée débile, organisée par mon ex coloc' totalement perchée. Je me suis laissée convaincre, pensant que ce serait drôle, original, un peu fun...
Oui mais voilà, fun, ce n'est pas moi.
J'ai eu beau me trouver ultra sexy dans ma robe, Adrien semblait vexé, distant et a quitté la soirée au bout d'une heure. Quel désastre... Comment foutre en l'air des mois de progrès dans cette jolie relation! Tout avait si bien commencé : le baptême de la loose à cause de nos fous-rires idiots et cette soirée chez Myriam et Paul, un soir où je gardais Léa. Je me demande encore comment j'ai fait pour accepter qu'il vienne, comme ça, spontanément. D'habitude, c'est le genre de soirée qui me demande des jours voire des semaines de préparation psychologique. Et pourtant, tout m'avait paru si simple. Et ça l'avait vraiment été.
Je m'extirpe lentement du fauteuil, il faut que je me ressaisisse. Si ça se trouve, il ne sera même pas là... Non, là, ma vieille, tu rêves. Il en est gaga autant que moi, de sa filleule.
Mon sac à main sur l'épaule, ma valise dans une main, le sac de cadeaux pour Célia et ses parents (et Adrien...) dans l'autre, je tente une sortie sur le quai. Mes talons et ma jupe serrée n'aident pas. Là encore, j'ai été prise de cours. Impossible de repasser me changer après le boulot, au risque de rater le train. Je prévois toujours une tenue cool pour les longs trajets. Entre le chauffage quasi inexistant et le manque d'espace, je trouve mon confort comme je peux.
Mon téléphone vibre dans ma poche, sûrement un sms de Myriam pour me dire qu'ils sont à la bourre pour me récupérer.
Mon équilibre précaire enfin retrouvé, je progresse vers l'escalier, au milieu des voyageurs. Je redresse la tête et fixe le quai d'en face, vide, comme mon objectif à atteindre après ce parcours du combattant.
Et soudain je le vois.
Il est là. Adrien est là.
Est-il vraiment seul ou ne vois-je que lui?
"Servane, appelle-t-il, ne bouge pas, je viens t'aider."
Bouger, quelle drôle d'idée... Je suis pétrifiée. Merde, merde, merde, je n'avais pas prévu, ça, moi.
24e participation à l'atelier de Leil, Une photo, quelques mots.
Promis, à la prochaine occaz', j'essaie de faire en sorte qu'il se passe des choses entre eux!
Oh que j'aime les retrouver tous les deux !!!!
RépondreSupprimerMerci!
SupprimerBon, un jour il faudra qu'il se passe des trucs, hein... parce que là ça va bien...
Ah, tout prévoir, tout contrôler, quelle terrible façon de vivre. Je pense que lui, Adrien, a cette insouciance qui l'amènera à apprivoiser les plaisirs de la spontanéité.
RépondreSupprimerEn effet, j'aimerais (si je continue avec ces personnages) pouvoir la libérer un peu.
SupprimerTout maîtriser...dur dur tu ne serais pas du signe de la vierge toi !
RépondreSupprimerj'aime ta description de cette angoisse et la panique devant l'imprévu qui vous saute dessus;
Moi non, mais la narratrice, peut-être. Le texte n'est pas autobiographique ;)
SupprimerJe suis contente de les retrouver ses deux-là et de voir que leur relation avance malgré les embûches ! Vivement la suite !!
RépondreSupprimerMerci!
SupprimerBon, promis, j'essaierai de les faire avancer, si je les garde!
continue avec eux ! on les aime ! moi j'adore les retrouver, ton format est excellent. On les suit au fur et à mesure de l'année, la petite qui grandit... leurs rôles de parrain/marraine... j'aime beaucoup ! :)
RépondreSupprimerMerci!
SupprimerMoi aussi je m'y suis attachée, à ces deux-là.
Hi hih sympa de les revoir ! :D
RépondreSupprimerVivement la saison 2 alors ! :)
Une saison 2, tu crois?
SupprimerAh j'adore ! Et c'est très bien fait, bravo.
RépondreSupprimerMerci Antigone!
Supprimerah voilà quelqu'un qui n'était pas prévu ! ;-)
RépondreSupprimerEh non! Mais parfois l'imprévu, ça fait du bien!
Supprimerohhh! une belle histoire d'amour!!!
RépondreSupprimeron aime :-)
Merci!
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