© Manue
Putain, que c'était froid!!
Le filet d'eau glacée qu'il reçut sur la tête eut le mérite de remettre les idées de Luc en place.
Nom de Dieu, mais qu'est-ce qu'il foutait là?
A subir cette première (et sans doute pas la dernière) torture pour les beaux yeux de cette nana?
Il fut pris d'un rire nerveux. Qu'est-ce qu'elle était con, cette expression ! Ses "beaux yeux"? Sans blague... Cette rouquine n'avait pas de beaux yeux, non, ça non. Ni des yeux de biche, oh ma biche, ni des yeux révolver, non plus.
C'était tout lui, ça! Se fourrer dans un pétrin sans nom (à défaut de se fourrer en elle, après tout c'était pour ça qu'il était là) avec dans la tête des mièvreries de chansons guimauve, qui alimentaient ses jeux de mots pourris.
Ses yeux, à elle, trainaient des valises dans lesquelles on aurait dit qu'elle planquait tout son dressing, chaussures comprises.
Mais son cul... ah, son cul! Ferme, haut, et rond. Et ses seins...
Ah Nina !
C'était plus fort que lui, il n'avait pas résisté.
Sa chair était faible.
Elle l'avait outrageusement aguiché dans le bar, avait jeté son voluptueux dévolu sur lui, faisant fi des gens qui l'entouraient, l'avait touché, caressé là où il fallait, sans gêne, avait même embrassé son crâne rasé de la veille (il en avait eu marre des réflexions sur sa calvitie naissante. Un coup de tête, c'était le cas de le dire). Enfin, elle lui avait promis qu'il pourrait tout lui faire, s'il la suivait sur le champ.
Il avait laissé les potes payer sa bière, et avait saisi la main, qui déjà, l'entrainait vers un escalier dérobé, qu'il n'avait jamais remarqué avant. Et pourtant, dans ce bar, il y avait ses habitudes !
Ils montèrent longtemps, les étages se succédant dans ce colimaçon qui lui tournait la tête. Elle ouvrit une imposante porte en bois massif, et il prit en pleine poire les effluves lourds d'encens, de sueur, et de parfum capiteux de l'atmosphère du lieu.
Et dire qu'il était parti pour boire un verre ou deux avec ses collègues, tout simplement! Tous travaillaient dans l'immeuble d'en face, pour un grand groupe financier qui leur mettait une sacrée pression. Alors il n'était pas rare qu'ils viennent se détendre ici après le boulot.
Et voilà maintenant, il était là, à observer (comme beaucoup d'autres, pris au même piège que lui, à en juger par l'étalage de costumes masculins et chaussures de luxe qui trainaient dans l'entrée) des rituels dont il ne saisissait pas le sens, si ce n'est que Nina, qui le regardait faire, avait affirmé que ça l'excitait.
Des trucs pervers, il en avait testés pas mal. Mais ça, jamais. Il entendait, à intervalles réguliers, quelques claquements secs, puis des cris, plus ou moins étouffés.
Une chose était sûre, si Nina voulait tirer quoi que ce soit de lui, il fallait qu'elle arrête cette douche glacée, car bientôt il ne resterait plus aucune partie de son corps qui ne soit ni fripée ni racornie. Déjà qu'il n'était pas un modèle de muscles et d'abdos bien dessinés...
A ce moment, comme si elle lisait dans ses pensées, le filet d'eau se tarit.
- Retourne-toi. Debout.
Il frémit, mais obéit. Sa voix rauque provoquait cet effet sur lui.
- Enlève ton slip. Maintenant. Mains au-dessus de la tête.
Il obéit encore.
- Ferme les yeux.
Il ne se fit pas prier, devinant que son but était proche.
Lorsqu'il entendit le déclic, tellement significatif, d'un appareil photo, Luc ouvrit les yeux et mit, par réflexe, les mains devant son sexe.
Nina mâchouillait une mèche de ses cheveux de feu, en tapotant sur son téléphone.
- La photo est très réussie. Si tu ne veux pas qu'elle se retrouve dans les e-mails de ton patron et dans ceux de toute la boite, tu reviens ici avec 10 000 euros. Cash. T'as deux jours. Sinon...
Sonné, Luc se rua sur elle.
- Espèce de...
Elle le retint en pointant sur sa poitrine le bout d'une cravache qu'il n'avait pas vue.
- Tu fais encore un pas, et y'a deux gros balaises qui débarquent, prêts à te refaire le portrait. Maintenant dégage.
Elle enfonça encore un peu l'aiguillon de sa cravache sur sa poitrine, juste assez pour lui faire mal, avant de le retirer brusquement. Le mouvement fit vaciller Luc, qui s'écroula au sol, la tête dans les mains.
Une participation un peu barrée, je le reconnais, cette fois. Mais bon, c'est ma soixantième, alors ça se fête!
Merci Leiloona!
Sarah ! mais quelle participation atomique ! excellent :) mais oui ta participation est barrée, mais Putain, comme dirait ton Luc, ça fait du bien. moi je plussois ! je me suis laissée prendre complètement, je ne l'ai même pas vu venir, comme une bleue :) bravo et merci, c'est en plus très bien écrit, tu m'as bien plu :)
RépondreSupprimerMerci beaucoup!
SupprimerJe suis vraiment ravie que ça te plaise, et que ça fonctionne.
Un peu barrée c'est le moins qu'on puisse dire!!!Je pense que tu as bien dû t'amuser....J'avoue ne pas ressentir la moindre once de pitié pour le Luc en question: à faire des conneries de ce genre ça devait bien finir par lui arriver!!...A la 61em!
RépondreSupprimerOui, ça m'a fait rire!
SupprimerLuc mérite probablement ce qui lui arrive, ça c'est sûr!
Mais Nina est une diablesse!
Sacrée histoire en effet! J'ai beaucoup ri par moments, avant d'éprouver un soupçon de piété pour ce brave gars.
RépondreSupprimerOh, t'es plus gentille que Bénédicte, alors :)
SupprimerJe suis contente que de t'avoir fait rire.
On est loin de l'ambiance de départ de la photo.
Superbe texte, Sarah, très très réussie! Tu as une sacrée plume!
RépondreSupprimerMerci ma Couette!
SupprimerYEaap !!! Quel texte inattendu et décalé sur cette photo ! J'ai beaucoup aimé et me dis qu'on n'est jamais trop vigileant dans la vie !! Pauvre Luc ;)Nady
RépondreSupprimerMerci Nady!
SupprimerOui, jamais assez vigilant, c'est certain!