Enfin te voilà...
On te colle dans mes bras, comme si je savais quoi faire de toi, mais je vais surtout faire attention à pas te faire tomber, le temps que tout le monde prenne cette satanée photo... ils ont raison, parce qu'à mon âge, le temps est précieux.
Mais j'ai tenu jusqu'à ton arrivée... non mais.
Des mois, des années que je t'attendais.
Tu sais, chez nous, on était quatre garçons. Mes frères ont tous eu des fils, rien que des fils, qui ont tous eu des filles, rien que des filles... au grand désespoir de mon père qui se lamentait de voir son nom condamné à disparaître avec l'arrivée de toutes ces pisseuses!
Chut, t'as rien entendu, hein... pis c'est pas un gros mot, ça, pisseuse, si?
Moi, j'ai eu une fille qui a eu deux filles ; puis un fils... qui a eu des filles... encore deux filles (une vraie malédiction, j'te dis!) ... Une des deux est ta mère, t'as suivi?
Tu t'en fous, de c'que j'te dis, pas vrai?
Tu dois pas, surtout pas, mon bonhomme!
Parce que toi, t'es mon espoir, tu comprends?
Ca rend ton arrière grand-mère dingue, que ton père et ta mère, y soient pas mariés. Au contraire, moi, ça m'arrange. Et ça me fait rire, de la voir enrager et ruminer que c'est pas chrétien. Toi, tu s'ras pas baptisé, c'est ça qu'est con...
Quand j'ai su que tu serais un garçon, mon coeur a fait un bond. J'me suis tout de même méfié du prénom qu'ils allaient te trouver, mais j'me suis juré de lui demander, à ta mère, pour ton nom.
Parce que faut pas croire, mais j'me tiens au courant de l'actualité! Parait qu'maintenant, une femme, mariée ou pas, peut garder son nom de jeune fille. Enfin un ministre pas trop pèquenaud, qui a pondu une loi qui sert pas à rien.
Et le mieux, tu sais c'que c'est, le mieux?
C'est que toi, petit bonhomme, tu vas porter mon nom, notre nom... en seconde position, d'accord, on peut pas tout avoir... mais il s'ra là, quand même.
Alors j'te fais une promesse, t'endors pas, écoute-moi... J'te jure que j'vais tout faire pour être encore là longtemps. Même que j'te promets qu'c'est moi qui t'apprendrais à l'écrire, ce nom.
Et on s'ra fiers, nous deux, tu verras.
17e participation à l'atelier de Leil : un texte pas du tout anodin pour moi, toute ressemblance avec une famille existante IRL n'est pas fortuite, à une génération près...
Très joli, vraiment ! Ca touche mon petit coeur tout mou, cette histoire du nom ;)
RépondreSupprimerMerki ma belle... En voyant cette photo, j'ai su que je parlerai de cela.
SupprimerJ'adore! J'aime le point de vue de cet homme sur l'enfant, j'aime le ton, j'aime l'idée du nOM. Bravo!
RépondreSupprimerMerci Sabine... ça me touche vraiment!
SupprimerJ'aime beaucoup l'idée de ton texte !
RépondreSupprimerBravo
Merci! L'idée est venue immédiatement, en fait.
Supprimeroh c'est très mignon, la voix de l'aïeul, entre gouaille et émotion!
RépondreSupprimerJe fais souvent dans le très mignon (mode Bisounours, quasiment tout le temps).
SupprimerJe suis contente que tu apprécies le ton.
Très joli et bien vu aussi de mimer un style particulier.
RépondreSupprimerMerci Leil!
SupprimerJ'aime cet atelier, car j'ai l'impression de progresser dans l'écriture, chaque semaine.
C'est un texte féministe ça ;) !
RépondreSupprimerAssez, oui... ;)
SupprimerJ'assume!
Un texte touchant...
RépondreSupprimerMerci!
Supprimeroh bah me suis laissée surprendre et je pleure...tu as si bien incarné ce papy dans les mots et cette naissance puis cette promesse si tendre...ça a réveillé en moi quelques manques, comme un grand-père parti d'un coup et qui n'aura pas connu mes loulous. Touchée, coulée je suis. Merci.
RépondreSupprimerOh, ben dis donc, je ne pensais pas faire autant d'effet... mais ça me touche aussi beaucoup, ce que tu écris. Merci Laurie <3
SupprimerTrès joli texte, bravo :)
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