Le Festival du film, dans ma ville, c'est l'occaz' de voir de films en avant première.
Et celui-là, je ne pouvais pas le rater.
L'histoire : Benjamin, 20 ans, se réveille tétraplégique incomplet après un stupide accident, à l'hôpital, avant d'être transféré dans un centre de rééducation. Benjamin y rencontre des jeunes comme lui, se soigne et se retape, espérant retrouver une vie normale.
Mon avis : Si vous aviez aimé le livre de Grand Corps Malade, ce film est pour vous.
Pour ceux qui n'ont pas lu Patients, allez voir le film quand même. Vous profiterez de la sensibilité et de l'humour des dialogues de GCM, et des superbes images de Medhi Idir.
Un film simple, sans prétention, réaliste et touchant. Pas de pathos débordant pourtant, Ben, Steve, Toussaint et les autres sont la plupart du temps dans la déconne, pour supporter le quotidien. La sensiblerie est tapie sous la pudeur.
Pudeur des mots dans le livre, des images dans le film.
Medhi Idir, réalisateur des clips du slameur, réalise des images à la fois poétiques et belles pour montrer ce que personne ne veut voir : la dépendance d'un homme au corps médical, pour manger, se déplacer, se laver. La scène de la douche, qui pourrait avoir quelque chose de dérangeant, est subtilement présentée, par un jeu de caméra sur les gouttes d'eau qui tombent sur une épaule. Cette discrétion ne sera pas de mise pour tous les autres moments pénibles vécus par Ben, mais l'humour prend le dessus, toujours.
Faut dire que Ben a la "chance" de ne pas être trop abîmé, par rapport à ses compagnons d'infortune. Lui fait des progrès, sa rééducation avance. L'amour le cueille même au passage, et la jolie Samia illumine l'écran et cet étage exclusivement masculin.
Malgré tout, la réalité le rattrape, et ses rêves de STAPS et de basket sont bien loin.
On rit beaucoup, donc, mais on prend aussi en pleine face la douleur et les moments de déprime de cette bande spéciale, portée par de jeunes acteurs inconnus des écrans, frais et talentueux.
Grand Corps Malade explique lui-même n'avoir sélectionné que des jeunes gens peu ou pas connus, car il a toujours fonctionné ainsi, il carbure à la "famille", qu'elle soit musicale, amicale et maintenant, cinématographique.
Un film d'une justesse épatante, réaliste sans être glauque, drôle sans être caricatural, émouvant sans être triste.
Une bouffée d'espoir que le parcours de Ben, une mise en lumière pas banale de l'univers médical et de ses acteurs, et une belle dose de renouveau dans le paysage cinématographique français.
Et le public ne s'y trompe pas : ici, les lycéens festivaliers ont accordé à l'ensemble des acteurs le prix de l'interprétation masculine, ainsi que le prix du Meilleur film présenté. Le public "amateur" fait le même constat, le film rafle le premier prix décerné par la ville.
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