Simon,
Si tu reçois ce billet, c'est que tout s'est bien passé et que Lily a trouvé un moyen de te le remettre.
Elle risquait gros, tu sais.
Pour vendredi soir, j'ai tout organisé.
Une voiture t'attendra au bout de la rue B***, là où je t'ai vu pour la dernière fois.
Nous y serons toute la nuit.
Si tu n'es pas là au lever du jour, ça voudra dire que... mais n'y pensons pas.
Tu réussiras. Tu le dois. Pour nos parents.
J'ai confiance en toi.
Ton frère qui t'aime et qui a hâte de te serrer dans ses bras.
Axel.
Simon acheva sa lecture. Son bras s'affaissa sous le poids de la lettre, si lourde de conséquences.
Alors comme ça, son frère disait vrai. Il l'a fait.
Il a organisé son évasion.
Depuis le jour où il a trouvé le premier billet (glissé par l'infirmière dans la doublure de sa camisole), Simon n'a cessé de douter. Etait-ce possible?
Il se souvenait parfaitement de ce que le mot disait : "Mon frère, je sais où tu es. On va te sortir de là. Sois patient. Axel."
Lui-même ne savait plus très bien depuis combien de temps il était là. Des semaines? Des mois?
Ses journées étaient rythmées les réveils brutaux, les médocs qui l'assommaient et les tests médicaux que pratiquaient ces barbares sur lui.
Ses nuits étaient peuplées de cauchemars, de cris, de coups, de bagarres musclées... il revivait sans cesse le soir de son arrestation, celui qui l'avait conduit ici.
Le 13 Aout 1961.
Ce jour-là, un mur immonde s'était dressé au milieu des rues, divisant son pays et déchirant des familles.
Depuis, il vivait là, enfermé, avec pour seul paysage les soixante carreaux du mur d'en face, qui constituaient son unique source de lumière au quotidien.
Il perdait peu à peu la raison et s'enfonçait doucement dans la folie, jusqu'à ce fameux jour... celui de la première lettre de son frère.
Les lettres, plus ou moins longues, se succédèrent régulièrement, et Simon reprit confiance. Il les lisait, les relisait, mémorisait le moindre mot, la moindre virgule, avant de jeter le papier dans les toilettes. Il avait jugé que c'était plus prudent.
Patiemment, il attendit. Comme son frère le lui avait dit.
Simon sursaute et se redresse, en sueur.
Un bruit l'a réveillé, mais il peine à reprendre ses esprits.
Il cligne des yeux, gêné, et son bras vient se replier sur son visage.
Quelqu'un va venir, c'est sûr. Il a peur.
Cette lumière, plus forte que d'habitude, ce n'est pas normal.
Pendant quelques secondes, il retient son souffle, guette. Le silence est revenu.
Alors il ouvre prudemment les yeux, une fois, deux fois, jusqu'à s'habituer à cette nouvelle configuration des lieux.
Et soudain, il comprend.
La porte est ouverte. Elle ne l'est jamais.
Lui qui a totalement perdu ses repères, à cet instant il sait.
C'est maintenant ou jamais.
Aujourd'hui, c'est vendredi.
Cette porte ouverte m'a rappelé une chanson de Balavoine, "La porte est close", l'histoire de deux frères séparés par le mur. Ce fut mon point de départ.
40e billet pour cet atelier si formidable!! Merci Leiloona de Bric à book pour tous ces bons moments d'écriture.
Elle est terrible, cette histoire ! Pourvu que Simon ait réussi !
RépondreSupprimerMerci Adèle!
SupprimerOui, on espère pour Simon!
Très beau texte, bravo !
RépondreSupprimerMerci ma Stéphie!
SupprimerOui je plussoie! Beau texte, empreint de stress et de tendresse. J'aime le lien entre ces frères.
RépondreSupprimerMerci Sabine.
SupprimerJe suis contente si on sent un peu de tendresse entre les deux frères.
L'espoir enfin après des mois de souffrance ! Texte très réussi, bravo.
RépondreSupprimerMerci Albertine!
SupprimerOui, l'espoir, pourvu que tout se passe bien.
C'est très réussi, on espère le succès de cette évasion !
RépondreSupprimerMerci Anariel!
SupprimerOui, on espère!
j'aime beaucoup cette idée d'évasion, j'attends la suite ( sifflote ! )
RépondreSupprimerMerci!
SupprimerPour la suite, on ne sait jamais, si une photo s'y prête...
Et merci à toi de tes belles participations.
RépondreSupprimerD'ailleurs je crois que je ne connais pas cette chanson de Balavoine ! :-o Han, je file la découvrir illico !
Han... tu ne connais pas la chanson? Toi la star des karaokés?
SupprimerElle fait partie d'un album entier sur les deux frères "Les aventures de Simon et Gunther Stein" (depuis la 2e Guerre mondiale où le leur père est arrêté jusqu'à la séparation des deux fils par le mur de Berlin). Il voulait, je crois, en faire une comédie musicale mais n'en a pas eu le temps.
excellent! belle imagination!
RépondreSupprimerMerci Adrienne!
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