"Mon père m'a dit cent fois comment il fallait que je sois".
L'histoire : le narrateur a 13 ans. Au collège, c'est le souffre douleur. Coups, insultes, harcèlement... il subit tout. A la maison, personne ne comprend. Surtout pas son père. Heureusement, il y a Sarah, celle qui n'a pas peur, celle qui ose le défendre.
Mon avis : Ne surtout pas se fier à la couverture pleine de couleur et de pep's de ce petit roman, qui est tout l'inverse : sombre, angoissant, poignant...
On souffre avec le narrateur, on prend les coups avec lui, et bien planqués derrière les pages, on se sent aussi impuissant que lui.
Ce collégien se trouve lâche, peureux et nul, car il est incapable de riposter. Moi je l'ai trouvé extrêmement courageux. Courageux parce qu'il se rend quand même tous les jours au collège, courageux parce qu'il affronte tous les jours le regard de ce père qui ne le comprend pas, qui ne le soutient pas.
Au fond, la douleur physique n'est pas la pire... le pire c'est ce père déçu, incapable de comprendre son fils et de le soutenir autrement qu'en lui conseillant de rendre les coups.
Mais un jour, le narrateur trouve une alliée. Sarah ose le défendre devant ses bourreaux, elle leur tient tête sans même avoir à cogner. Une amitié nait, une de celles qui font du bien, qui permettent de dédramatiser les situations, une qui demande peu de mots.
Un peu d'aide, une branche à laquelle s'accrocher, c'est finalement ce qui manquait à notre narrateur pour tout avouer. Il parvient, au prix d'un effort ultime, à parler à son père, à tout déballer.
Quel soulagement de découvrir enfin un père aimant, qui prend le temps d'écouter son fils et de dialoguer avec lui.
Ce roman prône la différence, souligne la difficulté d'être différent et de l'assumer, dans ce monde plein de préjugés.
Ce texte est bouleversant, mais il questionne aussi la prof que je suis. Indirectement, les profs sont désignés, ils sont ceux qui laissent faire, qui ne voient rien, qui ne réagissent pas. Même s'ils se sont pas témoins de ces actes, ils sont considérés comme ceux qui laissent ce genre de choses arriver. Et quand on exerce ce métier, on prend ces remarques en pleine face. S'il y a évidemment une part de vérité qui fait mal, je ne peux m'empêcher de penser que cet enfant est étonnamment seul, je m'étonne qu'aucun adulte n'ait remarqué les signes, les marques des coups ou les vêtements sales et déchirés. Antoine Dole fait le choix d'occulter complètement les adultes du collège. Alors oui, ça sert son propos et renforce le désarroi de son personnage... J'ai du mal avec l'idée que tout ce passe dans la plus grande impunité. Je dois être bien naïve pour espérer encore que ce ne soit pas toujours le cas.
Ce roman m'a particulièrement touchée, parce que, malheureusement, il m'a renvoyée un an en arrière, et à une expérience douloureuse, pas tout à fait similaire à celle du roman mais tout aussi traumatisante. Quand le pire arrive et qu'on n'a rien vu venir, je peux assurer à l'auteur qu'on se sent terriblement impuissant...
Un roman coup de poing que je peine à oublier encore aujourd'hui...
RépondreSupprimerMoi non plus je ne l'oublierai pas.
Supprimertrès jolie chronique, on te sent touchée...j'avais noté que de nombreux blogs en faisaient son éloge, va falloir que je me le procure!...
RépondreSupprimerC'est très court, je l'ai lu d'une traite, et c'est vrai qu'il m'a marquée.
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