mardi 18 janvier 2011

L'Homme à la tête de chou, Serge Gainsbourg, Alain Bashung, Jean-Claude Gallotta

Samedi soir fut l'occasion pour moi de renouer avec une de mes occupations de prédilection : le théâtre. Pas tout à fait, ici, car si nous étions bien dans la salle d'une scène nationale, nous avons assisté à un spectacle de danse de toute beauté : L'homme à la tête de chou, une chorégraphie de Jean-Claude Gallotta, sur la musique d'un album de Serge Gainsbourg (sorti en 1976) et chanté par Alain Bashung.





L'histoire : ce "concept-album", le quatrième de Gainsbourg (les trois autres étant sortis dans l'indifférence quasi générale, malgré le single "Je suis venu te dire que je m'en vais"  extrait du premier), raconte l'histoire d'un quadra qui tombe fou amoureux d'une shampouineuse délurée. Le narrateur rencontre Marilou au salon de coiffure où elle travaille et relate leur histoire passionnelle, jusqu'au moment, où, fou de jalousie, il commet l'irréparable et la tue.

Mon avis : âmes sensibles s'abstenir, car ce spectacle-là n'est pas soft. On connaît tout l'érotisme et toute la sensualité dont Gainsbourg peut faire preuve, mais si vous ajoutez à cela quatorze danseurs au corps à corps durant tout le spectacle, vous obtenez un spectacle d'une intensité visuelle bouleversante. Deux des danseurs osent même le nu, dans deux scènes, et si c'est un aspect que l'on reproche bien souvent aux chorégraphes ou metteurs en scène, ici, le choix en est totalement justifié, et garde quand même une part de pudeur, malgré tout.
Au-delà du visuel, j'ai particulièrement été sensible à la musique. La poésie de Gainsbourg et la voix d'Alain Bashung se mêlent à merveille. Bashung a cependant adapté l'album, fait des arrangements pour qu'il s'allie de la meilleure manière possible à la chorégraphie de Jean-Claude Gallotta. Le résultat donne des sonorités moins syncopées, plus romantiques et le côté rock a dû lui aussi être adapté à la danse contemporaine. Mais c'est tout de même parfait.
Chaque titre s'enchaîne, alternant des scènes collégiales et des scènes plus intimistes, jeu sensuel entre deux danseurs, ou deux couples de danseurs. Le pont crucial étant, à mon avis, la scène du meurtre, sur le titre "Meurtre à l'extincteur" que la chorégraphie rend magnifique.
Le projet initial prévoyait qu'Alain Bashung soit présent sur scène en même temps que les danseurs pour interpréter cet album. Malheureusement, il n'en n'aura pas eu le temps, mais a quand même tenu à enregistrer, courant 2008, une version que Jean-Claude Gallotta a pu exploiter. Et finalement, l'ombre de Bashung plane au-dessus de nos têtes, tout comme celle de Gaisnbourg, leur présence est palpable, à l'instar de la chaise vide renversée qui sert de point de départ au spectacle (voir l'extrait en vidéo). Cela donne à l'ensemble encore plus de profondeur et de gravité.

Le spectacle n'est pas long, unn tout petit peu plus d'une heure, mais le temps s'arrête : quand on sort de la salle, on a l'impression qu'il s'est passé des heures, pas dans le sens où ce fut ennuyeux, bien au contraire, mais plutôt dans le sens où le spectacle nous a emmené tellement loin qu'il faut un petit moment avant de remettre un pied dans la réalité.
Un spectacle que je conseille, donc, vivement.

1 commentaire:

  1. Cela doit être vraiment beau. J'aime cet album de Gainsbourg, et j'aime tellement Bashung aussi. Tu me donnes envie de les écouter.
    Quant au spectacle, je ne pourrai pas le voir, mais tu en parles très bien!

    RépondreSupprimer