dimanche 24 janvier 2010

George Dandin, Molière

Pour renouveller un peu mes cours de collège, je cherchais une idée de pièce de théâtre qui soit accessible à mes 5e.
Ce fut l'occasion pout moi de relire George Dandin, de Molière. Et ce fut un agréable moment.


George Dandin a épousé Angélique, fille de très bonne famille, pour accéder au statut de noble. Mais, dès la première scène, on le trouve en pleine lamentation. Son mariage ne le satisfait pas : il n'arrive pas à s'intégrer à cette société qui n'est pas la sienne et sa femme semble avoir un sacré caractère!
A peine l'acte I commencé, on assiste déjà à une scène des plus drôles. Sans s'en rendre compte, Lubin, un paysan au service de Clitandre, dévoile à George Dandin que son maître cherche à faire la cour à Angélique. Tout cela sur le ton de la discrétion, en précisant bien que le "mari jaloux" ne doit rien savoir.
A partir de là, George Dandin n'aura de cesse de chercher à prouver que sa femme le trompe. Les obstacles ne manqueront pourtant pas : des beaux-parents odieux et toujours du côté de leur fille, une servante insolente et maligne, et une femme horriblement menteuse et manipulatrice.
Ce n'est vraiment plus à dire, mais Molière est un génie. Toute la pièce est une succession de scènes cocasses, de rebondissements en tous genres, jusqu'au quiproquo final. Un vrai bijou d'écriture, aussi. J'aime ce vocabulaire oublié, ces tournures phrases enlevées, cette musicalité ressentie même si la pièce n'est pas en vers.
L'originalité de cette pièce me plaît aussi : en effet, chez Molière, on a plutôt l'habitude de voir l'amour et le bien triompher, et les malhonnêtes démasqués. Ce n'est pas le cas ici. George Dandin finit seul, sans avoir réussi à rétablir la vérité. La pièce se termine sur un dernier monologue du protagoniste, vaincu, épuisé et désespéré.
On peut alors poser la question du personnage typiquement comique : George Dandin l'est, sans conteste. Simplement, il n'est pas que ça. A l'image du misanthrope Alceste, mais de manière moindre, George Dandin accepte avec fatalité un destin qu'il a lui même choisi et contre lequel il ne peut rien. On est encore bien sûr très loin du tragique, mais il y a quand même une part d'amertume qui fait qu'on pourrait le prendre en pitié.
On sent chez Molière une volonté de complexifier ses personnages et de bousculer les rigides règles du théâtre classique. Son Tartuffe, peu de temps avant, a déchaîné les critiques contre lui, mais quand George Dandin est joué, Molière est déjà à l'abri derrière son statut de dramaturge du Roi. Et alors il prend plus de liberté : les méchants ne sont pas toujours punis (ou alors on se trompe de méchant), il souligne les aspects les plus vils de sa société (un paysan riche qui "s'achète" une femme et un titre, des parents ruinés qui vendent leur fille, une femme qui ne souhaite pas renoncer aux galants bien qu'elle soit mariée).
En définitive, j'ai vraiment envie de faire découvrir cette pièce à mes élèves, quitte à la lire avec eux (parce que malheureusement, la barrière de la langue est de plus en plus difficile à franchir, et que l'écriture de Molière est bien souvent considérée à tort comme trop complexe pour des collégiens), pour son intrigue, son originalité et sa richesse. Je ne l'avais travaillé qu'en extraits avec une classe de 4e faible, mais j'ai envie de retenter une étude intégrale. Je vous dirai ce que ça aura donné!

4 commentaires:

  1. je suis curieuse de savoir si cela va leur plaire ou pas. Ma tutrice la faisait aussi étudier à ses 5° et je crois me souvenir qu'ils appréciaient, mais il faut les aider dans leur lecture. Je pense qu'il y a une adaptation en BD très sympa. Je te cherche les références et je t'en reparle !

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  2. oh merci Dolly!!!!
    ce serait super sympa!
    je vais leur en donner très peu à lire à la maison, et qu'on va beaucoup lire en classe. Comme c'est court, en fait, on ne perdra pas forcément beaucoup de temps.
    Je te dirai ce que ça a donné!

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  3. Moi je ne pense pas qu'Angélique soit la méchante, bien au contraire. Mais je suis trop lasse ce soir, je repasserai demain pour en parler.

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  4. Oui, moi non plus, je ne le pense pas, mais je ne crois pas que les élèves le verraient comme ça.
    J'aime particulièrement la tirade où elle demande à GD si lui, il lui a demandé son avis avant de la prendre pour femme, s'il sait ce qu'elle voulait, elle. Elle ne fait que trouver une alternative au destin qu'on lui impose.
    C'est aussi pour pouvoir arriver à ce débat-là avec les élèves que j'ai choisi cette pièce.

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